JORF n°0088 du 14 avril 2023

Avis n°HCFP-2023-5 du 11 avril 2023

Ce texte est une simplification générée par une IA.
Il n'a pas de valeur légale et peut contenir des erreurs.

Synthèse des Finances Publiques en 2022

Résumé Le déficit des finances publiques a baissé en 2022 grâce à plus d'impôts et moins de dépenses, mais reste important à cause des crises.

| Synthèse | |:----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------:| |Le solde des administrations publiques s'établit à - 124,9 Md€ en 2022, soit - 4,7 points de PIB. Sa composante structurelle est estimée à - 3,4 points du PIB potentiel figurant dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP) du 22 janvier 2018, à laquelle le Haut Conseil des finances publiques est tenu de se référer bien qu'elle constitue une référence obsolète après la crise pandémique.
Le solde structurel s'est amélioré d'un point de PIB potentiel entre 2021 et 2022. Cette amélioration résulte essentiellement de la hausse des prélèvements obligatoires, qui a nettement excédé celle de l'activité, tandis que l'effort en dépense a été très limité.
Le Haut Conseil constate que le déficit structurel est supérieur de 2,6 points en 2022 à la prévision retenue dans la LPFP (0,8 point de PIB potentiel) et de 2,9 points en moyenne en 2021 et 2022. Ces écarts sont très nettement supérieurs à 0,5 point et doivent donc être considérés comme importants au sens de l'article 23 de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012.
Le Haut Conseil note toutefois que la clause de circonstances exceptionnelles mentionnées à l'article 3 du TSCG est restée en vigueur en 2022. En conséquence, bien que l'écart du solde structurel à celui de la LPFP soit important, il n'y a pas lieu de déclencher le mécanisme de correction au titre de l'exercice 2022.
Pour autant, le Haut Conseil relève que les conditions d'exercice de l'activité économique, qui avaient été fortement contraintes en 2000 et 2021 par la crise sanitaire, sont en cours de normalisation en dépit des conséquences de la guerre en Ukraine et que la Commission européenne a annoncé la désactivation de la clause dérogatoire générale à la fin 2023.
Le Haut Conseil invite donc le Gouvernement à préciser rapidement les conditions de levée de la clause de circonstances exceptionnelles en France, comme il l'a déjà fait dans son avis sur le projet de loi de règlement pour 2021, ainsi que son calendrier.
Le Haut Conseil souligne que la prise en compte de la dernière évaluation par le Gouvernement du PIB potentiel, présentée dans le Rapport économique, social et financier pour 2023, conduirait à un solde structurel plus dégradé de 0,6 point de PIB potentiel en 2022 (- 4,0 points de PIB potentiel au lieu de - 3,4 points). Ce niveau élevé de déficit structurel témoigne de finances publiques dégradées.
Une nette réduction du déficit structurel est nécessaire pour réduire l'exposition de la France à un risque d'insoutenabilité de sa dette. Alors que de nouvelles dépenses publiques devront être financées, notamment en faveur de la transition énergétique et des investissements pour renforcer la croissance, et au titre des lois de programmation sectorielles votées ou déposées, elle suppose une action résolue sur la dépense publique, dont le niveau rapporté au PIB est resté en 2022 nettement supérieur à son niveau antérieur à la crise, et un réexamen des baisses de prélèvements programmées.|

I. - Observations liminaires

  1. Sur l'objet du présent avis

  2. Le Haut Conseil des finances publiques a été saisi par le Gouvernement, en application de l'article 23 de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012 relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques (1), de l'article liminaire du projet de loi de règlement pour 2022. L'article 23 de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012 dispose que « le Haut Conseil des finances publiques rend un avis identifiant, le cas échéant, les écarts importants […] que fait apparaître la comparaison des résultats de l'exécution de l'année écoulée avec les orientations pluriannuelles de solde structurel définies dans la loi de programmation des finances publiques ». Aux termes du même article 23, un écart est considéré comme important lorsque le solde structurel présenté dans le projet de loi de règlement est dégradé par rapport à la loi de programmation des finances publiques d'au moins 0,5 % du PIB sur une année donnée ou d'au moins 0,25 % du PIB par an en moyenne sur deux années consécutives.

  3. La loi organique précise en outre que le solde structurel doit être calculé avec la trajectoire de PIB potentiel figurant dans le rapport annexé à la loi de programmation. L'identification d'un tel écart par le Haut Conseil déclenche le « mécanisme de correction » au sens du chapitre IV de la loi organique.

  4. Le Haut Conseil se réfère dans cet avis à la loi de programmation des finances publiques (LPFP) du 22 janvier 2018 pour les années 2018 à 2022 (2).

  5. Sur les informations transmises et les délais

  6. Le Haut Conseil a été saisi par le Gouvernement le 4 avril 2023. Cette saisine comporte l'article liminaire du projet de loi de règlement (PLR) pour 2022, dont son tableau de synthèse qui présente en particulier le solde nominal et le solde structurel de l'ensemble des administrations publiques pour l'année 2022 (annexe 1). Elle est accompagnée des réponses à un questionnaire qui avait été transmis au préalable aux administrations compétentes.

  7. En application de l'article 18 de la loi organique précitée, le Haut Conseil a procédé à l'audition conjointe de la direction générale du Trésor et de la direction du Budget le 6 avril 2023.

II. - Observations relatives aux évolutions des déficits publics effectif et structurel en 2022 et aux écarts à la loi de programmation des finances publiques

  1. Evolution des déficits publics effectif et structurel entre 2021 et 2022

  2. Le déficit public atteint selon l'INSEE 124,9 Md€ en 2022 (4,7 points de PIB), en net repli par rapport à 2021 (162,0 Md€, soit 6,5 points de PIB). La forte hausse du PIB (+ 5,7 % en valeur après + 8,0 % en 2021) a de nouveau entraîné une croissance soutenue des recettes (+ 7,3 %). Bien qu'un peu moins dynamique qu'en 2021 (+ 8,4 %), celle-ci reste supérieure à celle encore forte des dépenses (+ 4,0 % après + 3,9 %).

Graphique 1 : évolution des recettes et dépenses publiques
Vous pouvez consulter l'image dans le fac-similé du
JOnº 0088 du 14/04/2023, texte nº 66

Source : INSEE.

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Évolution du déficit public avant et après la crise sanitaire

Résumé Le déficit public est plus élevé en 2022 qu'avant la crise sanitaire, car les dépenses augmentent plus vite que les recettes.
  1. Le déficit public reste néanmoins significativement supérieur à son niveau antérieur à la crise sanitaire, en valeur (124,9 Md€ en 2022 contre 54,1 Md€ en 2018) comme en points de PIB (4,7 points en 2022 contre 2,3 points de PIB en 2018) (3). La hausse des dépenses excède en effet nettement celle des recettes : le ratio des dépenses publiques rapportées au PIB (58,1 points), bien qu'en baisse par rapport à 2021 (59,1 points) du fait notamment de l'extinction des mesures d'urgence et de relance adoptées dans le contexte de la COVID-19, excède son niveau de 2018 de 2,5 points, tandis que le ratio des recettes publiques rapportées au PIB (53,4 points en 2022) est revenu à son niveau de 2018 (4).

Graphique 2 : recettes, dépenses et déficit publics en 2018 et en 2022 (en points de PIB)
Vous pouvez consulter l'image dans le fac-similé du
JOnº 0088 du 14/04/2023, texte nº 66

Source : INSEE.

  1. Le déficit conjoncturel s'établit à 1,2 point de PIB en 2022, en baisse de 0,7 point de PIB par rapport à 2021, du fait d'une croissance toujours soutenue de l'activité. La progression du PIB effectif (+ 2,6 % en volume) a conduit à la réduction de l'écart de production (de - 3,3 % du PIB potentiel en 2021 à - 2,1 % du PIB potentiel en 2022 tel qu'estimé par la loi programmation des finances publiques de janvier 2018).
  2. Le solde des mesures ponctuelles et temporaires (« one-offs ») retenu par le Gouvernement s'établit à - 0,1 point de PIB, comme en 2021 (cf. tableau 1). Conformément au choix effectué pour 2021, le Gouvernement considère que les dépenses de soutien d'urgence prises en réponse à la crise sanitaire (activité partielle, fonds de solidarité, dépenses de santé dans le champ de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie -Ondam-, exonérations de cotisations sociales) ne relèvent plus, dans leur quasi-totalité, des mesures ponctuelles et temporaires. Celles-ci se résument ainsi désormais à l'impact de la sinistralité des prêts garantis aux entreprises (PGE) (- 1,0 Md€) et à des éléments non liés à la crise sanitaire (contentieux fiscaux).

Tableau 1 : mesures ponctuelles et temporaires en Md€

| | 2019 | 2020 |2021 |2022 | |------------------------------------------------------|------|------|-----|-----| | Crise sanitaire | |-70,1| 0,1 |-1,0| | dont activité partielle | |-25,3| | | | dont fonds de solidarité et mesures associées | |-16,0| | | | dont Ondam | |-13,8| | | | dont exonérations de cotisations sociales | |-5,8 | | | |dont sinistralité sur les garanties (nette des primes)| | 0,4 | 0,1 |-1,0| | Contentieux fiscaux (OPCVM, De Ruyter, Stéria, CVAE) |-0,7 |-1,8 |-1,9|-1,0| | Intérêts des contentieux |-0,2 |-0,5 |-0,4|-0,2| | Conventions judiciaires d'intérêt public | 0,5 | 2,1 | 0,0 | 0,5 | | Bascule CICE |-21,2| | | | | Bascule CITS |-0,6 | | | | | Retraitement INSEE des licences hertziennes |-1,1 | | | | | Autres |-0,2 |-0,5 |-0,4| 0,0 | | Effet sur le solde public (en Md€) |-23,5|-70,9|-2,5|-1,6| |Effet sur le solde public (en points de PIB potentiel)|-1,0 |-2,8 |-0,1|-0,1|

Source : Gouvernement.

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Décomposition de l'ajustement structurel du déficit en 2022

Résumé En 2022, le déficit a baissé grâce à plus de recettes fiscales, mais des baisses d'impôts et des dépenses plus élevées ont limité cette baisse.
  1. Le solde structurel se déduit du solde effectif en neutralisant les effets de la conjoncture ainsi que les mesures ponctuelles et temporaires (5).
  2. Le déficit structurel s'établit en 2022 à 3,4 points de PIB potentiel en baisse de 1 point par rapport à 2021. Cet ajustement structurel est essentiellement imputable à l'élasticité nettement supérieure à 1 des recettes de prélèvements obligatoires (+ 1,2 point). L'effort structurel ressort légèrement négatif (- 0,1 point de PIB potentiel) : l'effort en dépense (+ 0,2 point), qui correspond à la réduction (6) du rapport entre les dépenses en valeur et le PIB potentiel en valeur, est plus que compensé par les mesures de baisses d'impôts (- 0,3 point).

Tableau 2 : décomposition de l'ajustement structurel

| En points de PIB potentiel |2021 |2022 | |-----------------------------------------------------|-----|-----| | Solde structurel |-4,4|-3,4| |Ajustement structurel (variation du solde structurel)| | 1,0 | | Effort structurel | |-0,1| | dont mesures nouvelles en PO | |-0,3| | dont effort en dépense | | 0,2 | | Composante non discrétionnaire | | 1,1 | | dont recettes hors PO | |-0,1| | dont effet d'élasticité des PO | | 1,2 |

Source : Gouvernement.

Graphique 3 : poids des prélèvements obligatoires (en points de PIB)
Vous pouvez consulter l'image dans le fac-similé du
JOnº 0088 du 14/04/2023, texte nº 66

Source : INSEE.

Ce texte est une simplification générée par une IA.
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Synthèse des finances publiques en 2022

Résumé En 2022, le déficit des finances publiques était de -124,9 milliards d'euros, soit -4,7% du PIB, et l'amélioration vient surtout de la hausse des impôts.
  1. Le solde des administrations publiques s'établit à - 124,9 Md€ en 2022, soit - 4,7 points de PIB. Sa composante structurelle est estimée à - 3,4 points du PIB potentiel figurant dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP) du 22 janvier 2018, à laquelle le Haut Conseil des finances publiques est tenu de se référer.
  2. Le solde structurel s'est amélioré d'un point de PIB potentiel entre 2021 et 2022, mais cette amélioration résulte essentiellement de la hausse des prélèvements obligatoires, qui a nettement excédé celle de l'activité, tandis que l'effort en dépense a été très limité.

Graphique 4 : décomposition du solde public

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Source : Gouvernement.

  1. Observations des écarts à la loi de programmation des finances publiques

  2. Le déficit public constaté en 2022 (4,7 points de PIB) est supérieur de 4,5 points à celui prévu dans la loi de programmation de janvier 2018 (0,3 point de PIB).

Tableau 3 : écarts par rapport à la loi de programmation 2018-2022 (% du PIB ou du PIB potentiel)

| | 2020 | 2021 |2022 | | | | | | | |----------------------------------------|----------------------|---------------------|-----|----------------------|---------------------|-----|----------------------|---------------------|-----| | |LPFP
(Jan. 2018)|PLR 2022 (avril 2023)|Écart|LPFP
(Jan. 2018)|PLR 2022 (avril 2023)|Écart|LPFP
(Jan. 2018)|PLR 2022 (avril 2023)|Écart| | Solde effectif (1) | -1,5 | -9,0 |-7,5| -0,9 | -6,5 |-5,6| -0,3 | -4,7 |-4,5| | Composante conjoncturelle (2) | 0,1 | -4,9 |-5,0| 0,3 | -1,9 |-2,3| 0,6 | -1,2 |-1,8| |Mesures ponctuelles et temporaires* (3)| 0,0 | -2,8 |-2,8| 0,0 | -0,1 |-0,1| 0,0 | -0,1 |-0,1| | Solde structurel* (1)-(2)-(3)* | -1,6 | -1,3 |+0,3| -1,2 | -4,4 |-3,2| -0,8 | -3,4 |-2,6|

(*) En % du PIB potentiel.
Note : Les chiffres étant arrondis au dixième, il peut en résulter de légers écarts dans le résultat des opérations.
Sources : loi n° 2018-32 de programmation des finances publiques de janvier 2018 et projet de loi de règlement pour 2022.

  1. Selon la décomposition présentée par le Gouvernement, cet écart s'explique pour une faible part (0,1 point) par les mesures ponctuelles et temporaires.
  2. Il s'explique pour une part importante (1,8 point) par sa composante conjoncturelle, car en dépit de la forte progression de l'activité en 2021 et 2022, le PIB reste en 2022 inférieur (de 2,1 %) au PIB potentiel inscrit dans la LPFP 2018-2022, alors que celle-ci prévoyait un PIB réel supérieur de 1,1 point au PIB potentiel en 2022. Le Haut Conseil doit en effet, selon les termes de la loi organique de décembre 2012, s'appuyer sur l'estimation du PIB potentiel contenue dans la LPFP en vigueur, bien que cette dernière ait été rendue obsolète par la crise sanitaire.

Graphique 5 : trajectoire du PIB potentiel (base 100 en 2018) inscrit dans la LPFP et du PIB observé (en moyenne annuelle et en volume)

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Source : INSEE, LPFP 2018-2022 de janvier 2018.

  1. La plus grande part de l'écart (2,6 points) est imputable au solde structurel, estimé à - 3,4 points de PIB potentiel, contre une prévision de - 0,8 point de PIB potentiel en LPFP. Celui-ci provient intégralement du niveau des dépenses structurelles (4,5 points d'écart à la LPFP), partiellement compensée par le niveau des recettes structurelles (1,9 point d'écart à la LPFP).

Tableau 4 : décomposition de l'écart du solde structurel à la LPFP en recettes et dépenses structurelles (en points de PIB potentiel)

| (en points de PIB potentiel) |2019 |2020 |2021 |2022 | |---------------------------------------------------|-----|-----|-----|-----| | Écart du solde structurel |-0,6| 0,3 |-3,2|-2,6| |dont écart des recettes structurelles brutes des CI| 0,3 |-0,1| 0,9 | 1,9 | | dont écart des dépenses structurelles y.c. CI |-0,9| 0,4 |-4,1|-4,5|

Source : Gouvernement.

  1. Appréciations relatives à l'écart entre le solde structurel et celui de la loi de programmation des finances publiques

  2. En application de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012 relative à la programmation et à la gouvernance des finances publiques, le Haut Conseil se prononce sur la cohérence de la trajectoire de solde structurel observée avec celle de la loi de programmation en vigueur, celle du 22 janvier 2018 pour les années 2018 à 2022.

  3. L'évaluation du déficit structurel (3,4 points de PIB potentiel) présentée par le Gouvernement pour 2022 est supérieure de 2,6 points à la prévision retenue dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP) du 22 janvier 2018 (0,8 point de PIB potentiel). Cet écart est de nouveau très nettement supérieur à 0,5 point de PIB. Il doit donc être considéré comme important au sens de l'article 23 de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012.

  4. Toutefois, l'article 23 de la loi organique indique que, dans son avis sur la loi de règlement, le Haut Conseil doit tenir compte, le cas échéant, « des circonstances exceptionnelles définies à l'article 3 du traité, signé le 2 mars 2012, […] de nature à justifier les écarts constatés ».

  5. Or, saisi par le Gouvernement à l'occasion de l'avis sur le premier projet de loi de finances rectificative pour 2020, le Haut Conseil avait estimé que la crise sanitaire et ses répercussions économiques et financières relevaient bien de circonstances exceptionnelles mentionnées à l'article 3 du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG). L'article 23 de la loi organique prévoit qu'il revient au Gouvernement de demander au Haut Conseil des finances publiques de constater si les conditions pour la définition des circonstances exceptionnelles ont cessé de l'être, ce que le Gouvernement n'a pas fait à ce jour. Par conséquent, la clause de circonstances exceptionnelles doit être considérée comme s'appliquant encore en 2022.

  6. En conséquence, il estime que, bien que l'écart du solde structurel à celui de la LPFP soit important, il n'y a pas lieu de déclencher le mécanisme de correction au titre de l'exercice 2022.

  7. Pour autant, le Haut Conseil note que les conditions d'exercice de l'activité économique, qui avaient été fortement contraintes en 2000 et 2021 par la crise sanitaire, sont en cours de normalisation même si la crise énergétique entraînée par la guerre en Ukraine a affecté l'activité économique. Le Haut Conseil relève par ailleurs que la Commission européenne a d'ores et déjà annoncé la désactivation fin 2023 de la clause dérogatoire générale, qui permet aux Etats membres de l'Union européenne de déroger aux obligations applicables au titre du cadre budgétaire européen.

  8. Le Haut Conseil invite donc le Gouvernement à préciser les conditions de levée de la clause de circonstances exceptionnelles, comme il l'avait fait l'an dernier dans son avis sur le projet de loi de règlement sur 2021, ainsi que le calendrier attendu.

  9. Le Haut Conseil constate que le déficit structurel de 2022 est supérieur de 2,6 points en 2022 à la prévision retenue dans la LPFP (0,8 point de PIB potentiel) et de 2,9 points de PIB potentiel, en moyenne en 2021 et 2022. Ces écarts sont très nettement supérieurs à 0,5 point en 2022, et doivent donc être considérés comme importants au sens de l'article 23 de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012.

  10. Le Haut Conseil note toutefois que la clause de circonstances exceptionnelles mentionnées à l'article 3 du TSCG est restée en vigueur en 2022. En conséquence, il estime que, bien que l'écart du solde structurel à celui de la LPFP soit important, il n'y a pas lieu de déclencher le mécanisme de correction au titre de l'exercice 2022.

  11. Pour autant, le Haut Conseil note que les conditions d'exercice de l'activité économique, qui avaient été en cours de normalisation en dépit des conséquences de la guerre en Ukraine et que la Commission européenne a annoncé la désactivation de la clause dérogatoire générale à la fin 2023.

  12. Le Haut Conseil invite donc le Gouvernement à préciser rapidement les conditions de levée de la clause de circonstances exceptionnelles en France, comme il l'avait déjà fait dans son avis sur le projet de loi de règlement sur 2021, ainsi que son calendrier.

III. - Observations relatives au niveau du déficit structurel en 2022

  1. La crise sanitaire a rendu obsolète l'estimation du PIB potentiel contenue dans la LPFP du 22 janvier 2018, alors qu'elle reste la référence sur laquelle le Haut Conseil doit, selon les termes de la loi organique de décembre 2012, s'appuyer pour rendre le présent avis.
  2. Le Gouvernement a ainsi présenté, dans le Rapport économique, social et financier pour 2023 des estimations de PIB potentiel révisées à la baisse par rapport à celles de la loi de programmation 2018-2022.
  3. La prise en compte de ces nouvelles estimations conduirait à accroître le déficit structurel de 0,6 point en 2021 (à 5,0 points de PIB potentiel) comme en 2022 (à 4,0 points de PIB potentiel).

Graphique 6 : solde structurel selon les deux estimations de PIB potentiel (en points de PIB potentiel)

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Source : Gouvernement.

  1. Même si les estimations de solde structurel sont entourées d'incertitude, qui en compliquent l'utilisation à des fins de pilotage des finances publiques, cette incertitude n'est pas de nature à remettre en cause le constat d'un niveau élevé du déficit structurel. Celui-ci est très éloigné de l'objectif de moyen terme (OMT) que s'est donné la France dans la loi de programmation 2018-2022, soit un déficit structurel inférieur à 0,4 point de PIB potentiel. Il s'en est en outre éloigné par rapport à 2019.
  2. Ce niveau de déficit structurel reste également trop élevé pour permettre le respect des règles européennes envisagées dans les propositions de réforme de la Commission européenne. Dans cette perspective, celle-ci invite ainsi les Etats membres à fixer, dans leur programme de stabilité ou de convergence pour 2023, des objectifs budgétaires qui garantissent que le déficit public ne dépassera pas 3 points de PIB ou sera ramené sous les 3 points de PIB au cours de la période couverte par le programme de stabilité ou de convergence et à garantir de manière crédible qu'à moyen terme le déficit public restera inférieur à 3 points de PIB sur la base de politiques inchangées (7). Ceci suppose de ramener le déficit structurel nettement en dessous de 3 points de PIB potentiel, pour permettre au déficit public de rester en dessous de 3 points de PIB en cas de conjoncture défavorable.
  3. Le maintien jusque fin 2023 de la clause dérogatoire générale du Pacte de stabilité et de croissance, qui permet aux Etats membres de s'écarter temporairement de leurs obligations ordinaires qui en résultent, ne doit ainsi pas conduire au report de la mise en œuvre d'efforts de réduction des déficits, passant notamment par un effort en dépense et un réexamen des baisses de prélèvements programmées.
  4. Le Haut Conseil souligne que la prise en compte de la dernière évaluation par le Gouvernement du PIB potentiel, présentée dans le Rapport économique, social et financier pour 2023, conduirait à dégrader le solde structurel de 0,6 point de PIB potentiel supplémentaire en 2022 (- 4,0 points de PIB potentiel au lieu de - 3,4 points de PIB potentiel). Ce niveau élevé de déficit structurel témoigne de finances publiques détériorées.
  5. Une nette réduction du déficit structurel est nécessaire pour réduire l'exposition de la France à un risque d'insoutenabilité de sa dette. Alors que de nouvelles dépenses publiques, notamment en faveur de la transition énergétique et des investissements pour renforcer la croissance, et au titre des lois de programmation sectorielles votées ou déposées, devront à l'avenir être financées, elle suppose une action résolue sur la dépense publique, dont le niveau rapporté au PIB est resté en 2022 nettement supérieur à son niveau antérieur à la crise, et un réexamen des baisses de prélèvements programmées.

(1) La loi organique n° 2021-1836 du 28 décembre 2021 relative à la modernisation de la gestion des finances publiques est venue préciser les dispositions de la loi organique n° 2012-1403 du 17 décembre 2012, et en particulier l'article 23. Elle s'applique toutefois, conformément à l'article 33, pour la première fois aux lois de finances afférentes à l'année 2023.
(2) Loi n° 2018-32 du 22 janvier 2018 de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022.
(3) L'année 2018 constitue une meilleure référence avant la crise sanitaire que l'année 2019, car le déficit de 2019 est gonflé par l'effet purement ponctuel et temporaire du cumul, sur cette même année, du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), du crédit d'impôt sur la taxe sur les salaires (CITS), du crédit d'impôt apprentissage et de la baisse de cotisations sociales qui les remplace.
(4) Il excède de 1,1 point son niveau de 2019, tiré vers le bas par l'effet purement ponctuel et temporaire du cumul, sur cette même année, du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), du crédit d'impôt sur la taxe sur les salaires (CITS), du crédit d'impôt apprentissage et de la baisse de cotisations sociales qui les remplace.
(5) Les étapes de son estimation sont présentées en annexe 2.
(6) ou à son augmentation lorsqu'il est négatif.
(7) Commission européenne, Communication de la Commission au Conseil, Orientations en matière de politique budgétaire pour 2024, COM(2023) 141 final du 18 mars 2023.