- S'agissant de la composition de la croissance, la demande intérieure privée apparaît plus dynamique dans le scénario présenté au Haut Conseil que dans ceux des organismes auditionnés par le Haut Conseil. Pourtant, l'orientation de la politique budgétaire y est plus restrictive, comme en témoigne la prévision de consommation publique, plus basse que chez les organismes auditionnés. La prévision d'investissement des entreprises (2,6 %) est nettement au-dessus de celles des organismes auditionnés et au-delà du consensus des prévisionnistes de septembre (moyenne à 0,7 %, maximum à 2,3 %). Elle supposerait, compte tenu de la baisse prévue en 2025, un rythme de progression de plus de 1,0 % par trimestre, soit autant qu'avant la crise sanitaire. Cela paraît élevé au regard de certains facteurs de soutien cités dans la saisine. Quant à l'hypothèse de la dissipation des incertitudes, elle est fortement fragilisée par le contexte politique actuel.
- S'agissant de l'investissement des ménages, la prévision du Gouvernement (3,3 %) est elle aussi au-dessus de celles des organismes auditionnés. Toutefois, elle ne semble pas hors d'atteinte au vu de l'orientation favorable des indicateurs conjoncturels (regain des transactions immobilières dans le logement ancien, rebond de la production de nouveaux crédits).
- La prévision de consommation des ménages (0,9 %) se situe plutôt dans la fourchette basse des prévisions disponibles : identique à celle de l'OFCE mais en deçà de celles de la Banque de France et de Rexecode, inférieure également au consensus des prévisionnistes (moyenne à 1,1 %) ainsi qu'aux prévisions des organisations internationales. Le repli associé du taux d'épargne est d'une ampleur comparable aux organismes auditionnés par le Haut Conseil. Ce rebond de la consommation peut néanmoins fortement interroger dans le contexte d'une incertitude de nouveau accrue récemment et d'un pouvoir d'achat à l'arrêt, affecté par l'ajustement budgétaire. Si certaines mesures touchent des ménages à plus faible propension à consommer, d'autres couvrent un spectre beaucoup plus large (gel des prestations sociales). A contrario, un repli du taux d'épargne serait conforme à un comportement de lissage de la consommation face aux fluctuations du pouvoir d'achat et, de ce point de vue, le scénario du Gouvernement est comparable à celui de l'OFCE. Au total, la prévision de consommation constitue une hypothèse relativement favorable au vu de l'ajustement budgétaire envisagé. De plus, les organismes auditionnés par le Haut Conseil ne pouvaient pas intégrer dans leurs prévisions l'incertitude supplémentaire engendrée par les derniers évènements politiques. Cette remarque s'applique également aux prévisions d'investissement.
- S'agissant enfin des échanges extérieurs, la prévision d'exportations (2,0 %) semble raisonnable au regard notamment des autres prévisions disponibles et de l'hypothèse de demande mondiale (+ 2,1 %). Les effets négatifs de l'appréciation de l'euro sur les parts de marché pourraient en effet être au moins en partie être compensés par la poursuite de la hausse des livraisons de matériels aéronautiques. La contribution des échanges extérieurs est même un peu moins favorable que dans d'autres prévisions.
Graphique 4. - Prévisions de croissance de l'investissement des entreprises et de la consommation des ménages en 2026
Investissement des entreprises
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Consommation des ménages
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Au total, le Haut Conseil considère que le scénario économique qui lui a été soumis repose sur des hypothèses optimistes, associant une consolidation budgétaire importante à une accélération de l'activité permise par une reprise de la demande privée. L'hypothèse de croissance elle-même n'est que juste au-dessus de celle des organismes auditionnés par le Haut Conseil et du consensus des prévisionnistes (0,9 %). Mais par rapport à ces prévisions, le projet qui lui a été transmis retient une orientation plus restrictive des finances publiques, qui pèserait donc davantage à court terme sur l'activité. En compensation, malgré un environnement international peu porteur, cette prévision suppose une reprise de la demande intérieure privée dont l'ampleur paraît volontariste au regard du climat général d'incertitude, en particulier pour l'investissement des entreprises et dans une certaine mesure la demande des ménages.
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La hausse des prix à la consommation
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Le scénario soumis au Haut Conseil table sur une hausse de l'indice des prix à la consommation (IPC) de 1,1 % en 2025 puis 1,3 % en 2026 (en moyenne annuelle). Cette prévision repose sur des hypothèses de 67,5 USD par baril de Brent pour le prix du pétrole à partir de septembre 2025, et de 1,16 USD/EUR pour le taux de change.
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Pour 2025, la prévision a été revue à la baisse de − 0,3 pt depuis celle d'avril (RAA), en lien notamment avec les évolutions récentes du prix du pétrole et de l'euro, pour lesquelles les hypothèses d'avril apparaissaient hautes. De plus, certaines hausses de tarifs de santé ont été repoussées de l'été 2025 à 2026.
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L'inflation est restée relativement stable ces derniers mois. Elle s'inscrit autour de 1 % en glissement annuel (graphique 5), un chiffre tiré à la baisse par le repli des prix de l'énergie, alimenté au-delà de la baisse du prix du pétrole par le recul des tarifs réglementés de l'électricité en février dernier, et par la baisse des prix des télécommunications.
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L'inflation sous-jacente se situe à un niveau voisin de 1,4 %. Elle pourrait rester proche de celui-ci à court terme. Dans les services notamment, l'inflation s'est maintenue depuis plusieurs mois vers + 2,5 %, et les enquêtes de conjoncture font état de perspectives d'évolution des prix assez stables.
Graphique 5. - Evolution des prix à la consommation (IPC) et contributions
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- Dans ce contexte, la prévision d'inflation de + 1,1 % pour 2025 est plausible, avec plutôt un aléa baissier. De fait, la prévision du consensus comme celle de tous les instituts auditionnés est en ligne ou légèrement inférieure (+ 1,0 % ou + 1,1 %, graphique 6) et l'inflation du mois de septembre a été légèrement inférieure aux attentes.
- La prévision de croissance du déflateur du PIB est à 1,5 % pour 2025. Elle paraît cohérente avec la prévision d'IPC : la croissance du déflateur du PIB devrait être plus élevée en raison de l'appréciation des termes de l'échange (appréciation de l'euro et baisse du prix du pétrole).
- En 2026, la prévision d'un léger rebond de l'inflation (+ 1,3 % pour l'IPC) reflète la disparition d'effets temporaires. La contribution de l'énergie serait moins négative qu'en 2025, de même que celle des prix des télécommunications avec l'atténuation de la guerre tarifaire actuelle. L'inflation sous- jacente serait stable à + 1,4 % malgré le léger ralentissement du prix des services qui évoluerait de 2,3 %, une prévision plausible.
- Les prévisions des autres instituts pour la hausse des prix à la consommation en 2026, proches dans l'ensemble de celles de la saisine, reposent sur des analyses voisines. Au vu de ces éléments, cette prévision d'IPC pour 2026 est plausible.
- Le déflateur du PIB progresserait marginalement plus que l'IPC (+ 1,5 %), ce qui est discutable compte tenu d'effets techniques (5) : les prix des SIFIM continueraient d'agir à la baisse sur l'écart entre la croissance du déflateur du PIB tandis que les termes de l'échange joueraient moins qu'en 2025, les prix du pétrole et le taux de change étant figés à l'horizon de la prévision.
- Des aléas significatifs existent dans les deux sens sur la prévision d'inflation. A titre d'exemple, une variation du prix du pétrole de 10 USD (à taux de change constant) entraine une variation des prix à la consommation de 0,3 point la première année selon le modèle Mésange. Une recrudescence des tensions commerciales reste possible, et les répercussions sur les prix des mesures en place sont difficiles à quantifier, par exemple l'incidence d'une pénétration accrue de produits chinois bon marché. Enfin, si l'inflation sous-jacente paraît se stabiliser, il n'est pas exclu qu'elle reparte à la baisse, compte tenu du ralentissement des salaires, de la mollesse de la demande et de l'appréciation du change.
- La prévision d'inflation pour 2025 (+ 1,1 %) est plausible, avec un léger aléa baissier. Pour 2026, la prévision d'inflation (+ 1,3 %) est plausible.
Graphique 6. - Prévisions d'inflation (IPC) en France en 2025 et 2026 (en %, moyenne annuelle)
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L'emploi et la masse salariale
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Pour 2025, le scénario soumis au Haut Conseil table sur + 1,8 % de croissance de la masse salariale des branches marchandes non agricoles (BMNA). L'acquis de croissance à mi-année étant de + 1,3 %, cette prévision suppose une légère accélération au second semestre alors que la tendance récente est plutôt un ralentissement, compte tenu du freinage de l'emploi et du ralentissement des salaires dans le sillage de la baisse de l'inflation. De fait, les enquêtes de conjoncture auprès des entreprises ne font pas état de perspectives de salaires dynamiques (graphique 7). La prévision de masse salariale des BMNA, supérieure notamment à celle de l'Insee (+ 1,6 %), semble donc un peu élevée.
Graphique 7. - Salaire moyen par tête dans les BMNA et perspectives d'évolution des salaires dans l'industrie
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- En 2026, la masse salariale des branches marchandes non agricoles progresserait d'environ 2,3 % selon le scénario présenté au Haut Conseil, un chiffre qui semble à ce stade un peu élevé.
- En particulier, la prévision de salaire, en légère accélération à + 2,4 % après + 2,2 % en 2025, semble un peu haute. Elle est plus élevée que celle des organismes auditionnés alors que la prévision d'inflation ne l'est pas. Malgré le léger rebond de l'inflation et les gains de productivité anticipés, la croissance du salaire par tête serait limitée par un marché du travail moins tendu, comme le suggèrent les intentions d'embauches et les perspectives d'évolution des salaires des enquêtes de conjoncture.
- La prévision d'une légère baisse de l'emploi est globalement cohérente avec la prévision d'activité. Toutefois, le moindre recours à l'apprentissage, qui justifie en partie le rebond de la productivité et l'accélération des salaires, ne semble pas se refléter dans la prévision d'emploi. Par ailleurs, la croissance pourrait être plus faible (cf. supra), et le climat de l'emploi est à un niveau inférieur à sa moyenne historique, suggérant au total un aléa plutôt baissier.
Tableau 4. - Prévisions d'emploi et de masse salariale soumises au Haut Conseil
| (Croissance annuelle, %) |2024|2025 (acquis
de croissance)|2025 (prév. soumises
au HCFP)|2026 (prév. soumises
au HCFP)|
|-------------------------------------|----|-----------------------------------|-------------------------------------|-------------------------------------|
|Effectifs salariés (moyenne annuelle)|0,2 | - 0,5 (- 0,45) | - 0,5 | - 0,1 |
| Salaire moyen par tête |2,6 | 1,8 | 2,2 | 2,4 |
| Masse salariale |2,8 | 1,3 | 1,8 | 2,3 |
Nota. - Les variables ci-dessus sont sur le champ des branches marchandes non agricoles (BMNA).
Sources : scénario économique soumis au Haut Conseil, Insee.
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