JORF n°0243 du 15 octobre 2025

  1. L'anticipation d'un ralentissement de l'activité mondiale a favorisé un repli du prix du pétrole, accentué par l'augmentation de la production décidée par l'Opep+. Au regard de 2024, le cours du baril de Brent est attendu en nette baisse dans les prévisions (FMI, OCDE, CE, Banque de France), autour de 68 USD le baril en moyenne annuelle en 2025 et de 65 USD en 2026. Le Gouvernement retient un prix annuel moyen du baril de 70,0 USD en 2025 et 67,5 USD en 2026, ce qui est cohérent avec les évolutions observées jusqu'en septembre et les prévisions actuelles des organisations internationales.
  2. Enfin, les annonces tarifaires ont également affecté le marché des changes : le dollar s'est fortement déprécié vis-à-vis l'euro et, dans de bien moindres proportions, vis-à-vis des autres monnaies. Ayant gagné près de 13 % entre janvier et août, l'euro continuerait de s'apprécier vis-à-vis du dollar (+ 4,6 % en 2025 et + 2,7 % en 2026) selon les hypothèses de la BCE de septembre. Le taux de change nominal effectif de l'euro progresserait toutefois moins (+ 2,9 % en 2025 et 1,7 % en 2026). Les hypothèses de taux de change annuel moyen retenues par le Gouvernement de 1,13 USD pour 2025 et de 1,16 USD pour 2026 sont identiques à celles de la BCE et compatibles avec la forte appréciation du change observée jusqu'en août. Le Haut Conseil note que le dollar continue depuis à se déprécier et que le consensus des prévisionnistes (Consensus Forecasts) table sur un taux supérieur, qui serait notamment de 1,19 USD en septembre 2026.

II. - Appréciation des prévisions macroéconomiques

  1. La croissance de l'activité et de ses composantes

  2. Selon le scénario soumis au Haut Conseil, l'activité progresserait de 0,7 % en 2025, après 1,1 % en 2024, puis de 1,0 % en 2026. La croissance serait limitée par les tensions commerciales et l'ajustement budgétaire, mais soutenue par la baisse du prix du pétrole, l'assouplissement monétaire récent et une reprise graduelle ailleurs en zone euro.

  3. Pour 2025, la prévision de croissance (0,7 %) est inchangée depuis le rapport d'avancement annuel (RAA) du Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) d'avril. La composition de la croissance a en revanche été nettement revue : la consommation des ménages serait bien moins dynamique qu'anticipé dans le RAA et la contribution de l'extérieur dégradée, la progression de l'activité résultant surtout de l'accroissement des stocks (tableau 2 et annexe 1).

  4. La situation conjoncturelle est dans l'ensemble morose. L'activité a été faible au premier trimestre (+ 0,1 %), un peu plus dynamique au deuxième (+ 0,3 %). Depuis mi-2024, le climat des affaires de l'Insee est globalement stable à un niveau un peu inférieur à sa moyenne de long terme, sans signe manifeste de redressement hormis récemment dans le bâtiment (graphique 1a). Les autres enquêtes de conjoncture, comme celle de la Banque de France, envoient des signaux voisins.

Graphique 1. - Indicateurs des enquêtes de conjoncture…

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  1. L'acquis de croissance pour 2025 se situe à 0,6 % au 2e trimestre. Une progression du PIB d'à peine 0,2 % par trimestre jusqu'à la fin de l'année suffirait à atteindre un chiffre de croissance de + 0,7 % en rythme annuel. Or, dans l'ensemble les indicateurs conjoncturels sont compatibles avec la poursuite au second semestre d'une croissance de l'ordre de + 0,2 % par trimestre. De plus, le surcroît d'incertitude lié à la situation politique ne semble pas trop remettre en cause cette tendance à court terme, les principales enquêtes de conjoncture n'ayant pas montré de fortes variations en septembre.
  2. Le consensus des prévisionnistes de septembre table en moyenne sur une croissance de + 0,6 % en 2025, un tiers d'entre eux (7 sur 22) anticipant une croissance de + 0,7 %. Les institutions auditionnées par le Haut Conseil sont globalement un peu plus optimistes, escomptant + 0,7 % (Banque de France, OFCE, Rexecode) ou + 0,8 % (Insee).
  3. La prévision de consommation des ménages pour 2025 a été abaissée (0,5 % contre 1,2 % dans le RAA). Cette prévision, proche de celles des autres prévisionnistes (tableau 2), table sur un rebond au second semestre, après un premier semestre atone. Malgré les signaux peu favorables des enquêtes auprès des ménages (graphique 1b), cela est plausible, grâce notamment au rebond attendu de la consommation énergétique.
  4. La consommation publique serait plus dynamique (1,9 %) que ce qu'envisagent les autres prévisionnistes, et s'éloignerait de l'acquis au 2e trimestre (1,0 %). Cette prévision, qui privilégie une cohérence avec le compte des administrations publiques plutôt qu'avec les comptes nationaux trimestriels, ne remet pas en cause les équilibres du compte, car elle est compensée par de moindres variations de stocks. La même remarque s'applique à l'investissement public, qui baisserait moins que chez les autres prévisionnistes.
  5. Un nouveau repli de l'investissement est prévu en 2025 (− 0,4 %), ce qui est assez consensuel. Malgré les baisses récentes des taux d'emprunt, l'investissement des entreprises pâtit du climat incertain, tandis que celui des ménages reprend quelques couleurs et que l'investissement public se replie en lien avec le cycle électoral. Enfin, le Gouvernement attend une accélération des exportations en fin d'année, tirée notamment par des déstockages de gros matériels de transport (livraisons d'avions et d'un paquebot). Ces évolutions sont plausibles.
  6. Au total, la prévision de croissance de + 0,7 % pour 2025 est réaliste. La composition de la croissance a été revue à juste titre depuis les prévisions d'avril, en particulier avec une moindre évolution anticipée de la consommation des ménages. L'incertitude liée à la situation politique constitue un risque à la baisse, mais qui à ce stade ne semble pas remettre en cause à lui seul le chiffre de croissance sur l'année 2025.

Graphique 2. - Prévisions de croissance du PIB en 2025

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Tableau 2. - Prévisions du PIB et de ses composantes

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  1. Pour 2026, une progression du PIB de 1,0 % est anticipée, révisée à la baisse par rapport au RAA du PSMT en avril (− 0,2 point), et proche de son rythme potentiel (1,2 %). L'activité serait principalement soutenue par la demande intérieure privée : la consommation des ménages redémarrerait à la faveur d'un repli du taux d'épargne, et l'investissement privé se redresserait fortement avec l'assouplissement des conditions de prêts. La demande publique marquerait le pas sous l'effet de l'ajustement budgétaire et du cycle d'investissement communal. La contribution du commerce extérieur serait légèrement négative, dans un contexte international peu porteur. Malgré l'augmentation prévue des livraisons d'Airbus, les exportations seraient notamment affectées par la hausse des tarifs douaniers et l'appréciation de l'euro.
  2. Le scénario économique soumis au Haut Conseil repose sur des hypothèses optimistes, associant une consolidation budgétaire importante et une accélération de l'activité. Certes, la prévision de croissance est juste au-dessus de celles des organismes auditionnés par le Haut Conseil (+ 0,9 %). Mais par rapport à ces prévisions, le Gouvernement retient une orientation plus restrictive des finances publiques, qui pèserait donc davantage à court terme sur l'activité et n'intègre pas l'impact du climat d'incertitude résultant du fonctionnement des institutions nationales. Le consensus des prévisionnistes de septembre, quant à lui, se situe en moyenne sur une prévision de croissance de 0,9 %, un peu plus de 40 % des prévisionnistes interrogés (neuf sur vingt-deux) retenant une prévision identique voire supérieure à celle présentée au Haut Conseil (sept à 1,0 %, un à 1,1 % et un autre à 1,2 %). Parmi les organisations internationales, la prévision de la Commission européenne (1,3 %), publiée en mai 2025, se situe au-dessus, mais elle n'est en réalité pas comparable car elle n'inclut aucun ajustement budgétaire. La prévision du FMI est identique à celle soumise au Haut Conseil et la prévision de l'OCDE légèrement inférieure (0,9 %).

Graphique 3. - Prévisions de croissance du PIB en 2026

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  1. L'administration a estimé l'effet de certains facteurs clés pour la croissance en 2026. En particulier, l'ajustement budgétaire envisagé en 2026 (0,8 point de PIB potentiel) pèserait négativement pour 0,4 point de croissance, correspondant à un multiplicateur budgétaire moyen évalué à ½. Cette estimation appelle deux observations :

- d'abord, l'ampleur de la consolidation budgétaire est plus élevée en effort structurel (1,0 point), voire en effort structurel primaire (1,2 point) : le multiplicateur budgétaire moyen sous-jacent est donc plutôt de l'ordre de 0,4, un chiffre assez faible relativement aux valeurs usuelles (4). L'administration le justifie par la composition de l'effort, qui serait ciblé vers des ménages dont la propension marginale à consommer est plus faible, et vers des grandes entreprises à larges capacités de financement : cette explication est qualitativement plausible mais difficile à expertiser, faute du détail des multiplicateurs retenus pour chacune des mesures en dépense et en recettes. La composition de l'effort en dépense d'une part, entre ce qui relève de la demande publique et des autres dépenses, et en recettes d'autre part, entre ce qui relève des différents types de prélèvements obligatoires, suggérerait néanmoins un multiplicateur un peu plus élevé que celui retenu par le Gouvernement ;
- ensuite, la croissance en 2026 devrait aussi être affectée par l'effort budgétaire déjà opéré en 2025 (0,8 point de PIB). Ainsi, en prenant en compte les effets retardés de l'ajustement en 2025, tout en tenant compte de la composition des mesures, l'effort budgétaire prévu pèserait davantage qu'affiché sur la croissance en 2026, d'au moins 0,2 point supplémentaire sur la base de multiplicateurs usuels.

  1. Pami les autres facteurs influant sur la croissance en 2026 :

- l'impact de la hausse des tarifs douaniers, y compris la dépréciation consécutive du dollar, est estimé à − 0,3 point de croissance en 2026 après − 0,1 point en 2025, ce qui est comparable aux autres évaluations disponibles (tableau 3) ;
- en sens inverse, la prévision intègre un effet positif de la baisse du prix du pétrole, de l'assouplissement monétaire récent et une dynamique spontanée de la demande intérieure. Ces effets favorables sont qualitativement plausibles, mais ils ne sont pas explicitement quantifiés et leur ampleur supposée est implicitement assez importante.

Tableau 3. - Estimations de l'impact, sur le PIB de la France, de la hausse des droits de douane américains

| Ecart en niveau en % | | 2025 | 2026 | |---------------------------------|-----------------|-------|------| |Prévision soumise au Haut Conseil| 2 octobre 2025 |- 0,1 |- 0,4| | Banque de France | 11 juin 2025 |- 0,25|- 0,4| | Insee | 18 juin 2025 |- 0,1 |- 0,4| | OFCE (*) |17 septembre 2025|- 0,3 |- 0,6|

(*) Effets liés à l'incertitude (hors celle issue de politique nationale) et au commerce mondial (hors celui issu de la politique budgétaire des partenaires).
Lecture : il s'agit d'écarts en niveau par rapport à un scénario sans les relèvements de droits de douane depuis janvier.
Sources : scénario économique soumis au Haut Conseil, Banque de France, Insee, OFCE.


Historique des versions

Version 1

16. L'anticipation d'un ralentissement de l'activité mondiale a favorisé un repli du prix du pétrole, accentué par l'augmentation de la production décidée par l'Opep+. Au regard de 2024, le cours du baril de Brent est attendu en nette baisse dans les prévisions (FMI, OCDE, CE, Banque de France), autour de 68 USD le baril en moyenne annuelle en 2025 et de 65 USD en 2026. Le Gouvernement retient un prix annuel moyen du baril de 70,0 USD en 2025 et 67,5 USD en 2026, ce qui est cohérent avec les évolutions observées jusqu'en septembre et les prévisions actuelles des organisations internationales.

17. Enfin, les annonces tarifaires ont également affecté le marché des changes : le dollar s'est fortement déprécié vis-à-vis l'euro et, dans de bien moindres proportions, vis-à-vis des autres monnaies. Ayant gagné près de 13 % entre janvier et août, l'euro continuerait de s'apprécier vis-à-vis du dollar (+ 4,6 % en 2025 et + 2,7 % en 2026) selon les hypothèses de la BCE de septembre. Le taux de change nominal effectif de l'euro progresserait toutefois moins (+ 2,9 % en 2025 et 1,7 % en 2026). Les hypothèses de taux de change annuel moyen retenues par le Gouvernement de 1,13 USD pour 2025 et de 1,16 USD pour 2026 sont identiques à celles de la BCE et compatibles avec la forte appréciation du change observée jusqu'en août. Le Haut Conseil note que le dollar continue depuis à se déprécier et que le consensus des prévisionnistes (Consensus Forecasts) table sur un taux supérieur, qui serait notamment de 1,19 USD en septembre 2026.

II. - Appréciation des prévisions macroéconomiques

1. La croissance de l'activité et de ses composantes

18. Selon le scénario soumis au Haut Conseil, l'activité progresserait de 0,7 % en 2025, après 1,1 % en 2024, puis de 1,0 % en 2026. La croissance serait limitée par les tensions commerciales et l'ajustement budgétaire, mais soutenue par la baisse du prix du pétrole, l'assouplissement monétaire récent et une reprise graduelle ailleurs en zone euro.

19. Pour 2025, la prévision de croissance (0,7 %) est inchangée depuis le rapport d'avancement annuel (RAA) du Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) d'avril. La composition de la croissance a en revanche été nettement revue : la consommation des ménages serait bien moins dynamique qu'anticipé dans le RAA et la contribution de l'extérieur dégradée, la progression de l'activité résultant surtout de l'accroissement des stocks (tableau 2 et annexe 1).

20. La situation conjoncturelle est dans l'ensemble morose. L'activité a été faible au premier trimestre (+ 0,1 %), un peu plus dynamique au deuxième (+ 0,3 %). Depuis mi-2024, le climat des affaires de l'Insee est globalement stable à un niveau un peu inférieur à sa moyenne de long terme, sans signe manifeste de redressement hormis récemment dans le bâtiment (graphique 1a). Les autres enquêtes de conjoncture, comme celle de la Banque de France, envoient des signaux voisins.

Graphique 1. - Indicateurs des enquêtes de conjoncture…

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21. L'acquis de croissance pour 2025 se situe à 0,6 % au 2

e

trimestre. Une progression du PIB d'à peine 0,2 % par trimestre jusqu'à la fin de l'année suffirait à atteindre un chiffre de croissance de + 0,7 % en rythme annuel. Or, dans l'ensemble les indicateurs conjoncturels sont compatibles avec la poursuite au second semestre d'une croissance de l'ordre de + 0,2 % par trimestre. De plus, le surcroît d'incertitude lié à la situation politique ne semble pas trop remettre en cause cette tendance à court terme, les principales enquêtes de conjoncture n'ayant pas montré de fortes variations en septembre.

22. Le consensus des prévisionnistes de septembre table en moyenne sur une croissance de + 0,6 % en 2025, un tiers d'entre eux (7 sur 22) anticipant une croissance de + 0,7 %. Les institutions auditionnées par le Haut Conseil sont globalement un peu plus optimistes, escomptant + 0,7 % (Banque de France, OFCE, Rexecode) ou + 0,8 % (Insee).

23. La prévision de consommation des ménages pour 2025 a été abaissée (0,5 % contre 1,2 % dans le RAA). Cette prévision, proche de celles des autres prévisionnistes (tableau 2), table sur un rebond au second semestre, après un premier semestre atone. Malgré les signaux peu favorables des enquêtes auprès des ménages (graphique 1b), cela est plausible, grâce notamment au rebond attendu de la consommation énergétique.

24. La consommation publique serait plus dynamique (1,9 %) que ce qu'envisagent les autres prévisionnistes, et s'éloignerait de l'acquis au 2

e

trimestre (1,0 %). Cette prévision, qui privilégie une cohérence avec le compte des administrations publiques plutôt qu'avec les comptes nationaux trimestriels, ne remet pas en cause les équilibres du compte, car elle est compensée par de moindres variations de stocks. La même remarque s'applique à l'investissement public, qui baisserait moins que chez les autres prévisionnistes.

25. Un nouveau repli de l'investissement est prévu en 2025 (− 0,4 %), ce qui est assez consensuel. Malgré les baisses récentes des taux d'emprunt, l'investissement des entreprises pâtit du climat incertain, tandis que celui des ménages reprend quelques couleurs et que l'investissement public se replie en lien avec le cycle électoral. Enfin, le Gouvernement attend une accélération des exportations en fin d'année, tirée notamment par des déstockages de gros matériels de transport (livraisons d'avions et d'un paquebot). Ces évolutions sont plausibles.

26. Au total, la prévision de croissance de + 0,7 % pour 2025 est réaliste. La composition de la croissance a été revue à juste titre depuis les prévisions d'avril, en particulier avec une moindre évolution anticipée de la consommation des ménages. L'incertitude liée à la situation politique constitue un risque à la baisse, mais qui à ce stade ne semble pas remettre en cause à lui seul le chiffre de croissance sur l'année 2025.

Graphique 2. - Prévisions de croissance du PIB en 2025

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Tableau 2. - Prévisions du PIB et de ses composantes

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27. Pour 2026, une progression du PIB de 1,0 % est anticipée, révisée à la baisse par rapport au RAA du PSMT en avril (− 0,2 point), et proche de son rythme potentiel (1,2 %). L'activité serait principalement soutenue par la demande intérieure privée : la consommation des ménages redémarrerait à la faveur d'un repli du taux d'épargne, et l'investissement privé se redresserait fortement avec l'assouplissement des conditions de prêts. La demande publique marquerait le pas sous l'effet de l'ajustement budgétaire et du cycle d'investissement communal. La contribution du commerce extérieur serait légèrement négative, dans un contexte international peu porteur. Malgré l'augmentation prévue des livraisons d'Airbus, les exportations seraient notamment affectées par la hausse des tarifs douaniers et l'appréciation de l'euro.

28. Le scénario économique soumis au Haut Conseil repose sur des hypothèses optimistes, associant une consolidation budgétaire importante et une accélération de l'activité. Certes, la prévision de croissance est juste au-dessus de celles des organismes auditionnés par le Haut Conseil (+ 0,9 %). Mais par rapport à ces prévisions, le Gouvernement retient une orientation plus restrictive des finances publiques, qui pèserait donc davantage à court terme sur l'activité et n'intègre pas l'impact du climat d'incertitude résultant du fonctionnement des institutions nationales. Le consensus des prévisionnistes de septembre, quant à lui, se situe en moyenne sur une prévision de croissance de 0,9 %, un peu plus de 40 % des prévisionnistes interrogés (neuf sur vingt-deux) retenant une prévision identique voire supérieure à celle présentée au Haut Conseil (sept à 1,0 %, un à 1,1 % et un autre à 1,2 %). Parmi les organisations internationales, la prévision de la Commission européenne (1,3 %), publiée en mai 2025, se situe au-dessus, mais elle n'est en réalité pas comparable car elle n'inclut aucun ajustement budgétaire. La prévision du FMI est identique à celle soumise au Haut Conseil et la prévision de l'OCDE légèrement inférieure (0,9 %).

Graphique 3. - Prévisions de croissance du PIB en 2026

Vous pouvez consulter l'intégralité du texte avec ses images à partir de l'extrait du Journal officiel électronique authentifié accessible en bas de page

29. L'administration a estimé l'effet de certains facteurs clés pour la croissance en 2026. En particulier, l'ajustement budgétaire envisagé en 2026 (0,8 point de PIB potentiel) pèserait négativement pour 0,4 point de croissance, correspondant à un multiplicateur budgétaire moyen évalué à ½. Cette estimation appelle deux observations :

- d'abord, l'ampleur de la consolidation budgétaire est plus élevée en effort structurel (1,0 point), voire en effort structurel primaire (1,2 point) : le multiplicateur budgétaire moyen sous-jacent est donc plutôt de l'ordre de 0,4, un chiffre assez faible relativement aux valeurs usuelles (4). L'administration le justifie par la composition de l'effort, qui serait ciblé vers des ménages dont la propension marginale à consommer est plus faible, et vers des grandes entreprises à larges capacités de financement : cette explication est qualitativement plausible mais difficile à expertiser, faute du détail des multiplicateurs retenus pour chacune des mesures en dépense et en recettes. La composition de l'effort en dépense d'une part, entre ce qui relève de la demande publique et des autres dépenses, et en recettes d'autre part, entre ce qui relève des différents types de prélèvements obligatoires, suggérerait néanmoins un multiplicateur un peu plus élevé que celui retenu par le Gouvernement ;

- ensuite, la croissance en 2026 devrait aussi être affectée par l'effort budgétaire déjà opéré en 2025 (0,8 point de PIB). Ainsi, en prenant en compte les effets retardés de l'ajustement en 2025, tout en tenant compte de la composition des mesures, l'effort budgétaire prévu pèserait davantage qu'affiché sur la croissance en 2026, d'au moins 0,2 point supplémentaire sur la base de multiplicateurs usuels.

30. Pami les autres facteurs influant sur la croissance en 2026 :

- l'impact de la hausse des tarifs douaniers, y compris la dépréciation consécutive du dollar, est estimé à − 0,3 point de croissance en 2026 après − 0,1 point en 2025, ce qui est comparable aux autres évaluations disponibles (tableau 3) ;

- en sens inverse, la prévision intègre un effet positif de la baisse du prix du pétrole, de l'assouplissement monétaire récent et une dynamique spontanée de la demande intérieure. Ces effets favorables sont qualitativement plausibles, mais ils ne sont pas explicitement quantifiés et leur ampleur supposée est implicitement assez importante.

Tableau 3. - Estimations de l'impact, sur le PIB de la France, de la hausse des droits de douane américains

Ecart en niveau en %

2025

2026

Prévision soumise au Haut Conseil

2 octobre 2025

- 0,1

- 0,4

Banque de France

11 juin 2025

- 0,25

- 0,4

Insee

18 juin 2025

- 0,1

- 0,4

OFCE (*)

17 septembre 2025

- 0,3

- 0,6

(*) Effets liés à l'incertitude (hors celle issue de politique nationale) et au commerce mondial (hors celui issu de la politique budgétaire des partenaires).

Lecture : il s'agit d'écarts en niveau par rapport à un scénario sans les relèvements de droits de douane depuis janvier.

Sources : scénario économique soumis au Haut Conseil, Banque de France, Insee, OFCE.