JORF n°0243 du 15 octobre 2025

  1. Relevés par paliers au fil des annonces, les droits de douane atteignent aujourd'hui 50 % pour l'aluminium et l'acier tandis qu'ils varient de 10 % pour le Royaume-Uni à 50 % pour l'Inde ou le Brésil, ceux de l'UE étant de 15 %. Ces changements ont propulsé le taux effectif moyen des droits de douane des Etats- Unis de 2,4 % fin 2024 à 17,9 % fin septembre (3).
  2. Selon l'intensité des relations commerciales nouées avec les Etats-Unis, les dynamiques nationales sont diversement affectées par les changements tarifaires en cours, comme en témoigne la volatilité des échanges commerciaux au premier semestre 2025. L'envolée ponctuelle des importations américaines en amont des annonces tarifaires a fortement soutenu le commerce international de biens début 2025. Cela s'est traduit par une contraction technique (− 0,2 %) au premier trimestre suivi d'un rebond (+ 0,9 %) de l'activité américaine. A l'inverse, en Asie comme en Europe, l'activité a été stimulée en début d'année, avant de ralentir au deuxième trimestre. C'est notamment le cas en zone euro (+ 0,6 % puis + 0,1 %), l'Allemagne et l'Italie étant fortement exportateurs vis-à-vis des Etats-Unis.
  3. Au-delà de la volatilité du premier semestre 2025, le commerce mondial ralentirait de façon marquée en 2025 du fait des hausses tarifaires conséquentes, qui lui retireraient près d'un point de pourcentage de croissance en 2025, suivi de 0,6 à 0,7 point additionnel en 2026 selon les organisations internationales (OCDE et FMI). En outre, le changement de cap de la politique commerciale américaine a engendré une vague d'incertitude à l'échelle mondiale, source d'attentisme. Bien qu'ayant nettement reflué depuis son pic d'avril 2025, l'incertitude perdure en raison de négociations tâtonnantes, à l'image des 90 jours de discussions supplémentaires octroyés mi-août à la Chine et au Mexique.
  4. Dans ce contexte, l'activité américaine ralentirait nettement par rapport à 2024 (2,8%) perdant un point de croissance en 2025 (1,8 %) pour s'établir à 1,5 % en 2026 selon l'OCDE. Poussant les prix à la hausse, l'ampleur du relèvement des barrières tarifaires affecterait à la baisse les importations et la demande intérieure, également affaiblie par le retournement du marché de l'emploi et la politique migratoire restrictive, en dépit des soutiens attendus de la dépréciation du dollar et de la baisse du prix du pétrole.
  5. Résiliente face à un environnement commercial moins porteur, l'activité de la zone euro accélérerait modestement en 2025 selon l'OCDE, de + 0,8 % en 2024 à + 1,2 %, tirée par la demande intérieure. Celle-ci serait en effet soutenue par la baisse de l'inflation, de meilleures conditions de financement découlant des assouplissements monétaires passés et, notamment en Italie et en Espagne, par le déploiement des fonds du plan national de relance et de résilience jusqu'en 2026. Les plans d'investissement en matière de défense et d'infrastructure, dont celui d'ampleur inédite en Allemagne, contribueraient, eux, à renforcer la croissance de la zone euro en 2026. Néanmoins l'activité y ralentirait légèrement à + 1,0 % en 2026 selon l'OCDE, en raison des ajustements budgétaires en cours en Italie et annoncés en France, de l'évolution défavorable du taux de change et de l'affaiblissement de la demande mondiale.
  6. Au sein de la zone euro, les trajectoires de croissance demeureraient contrastées. Après une quasi-stagnation attendue en 2025, la croissance allemande rebondirait autour de 1 % en 2026 grâce à la mise en œuvre du plan de relance du nouveau gouvernement. En Italie, l'activité conserverait son rythme modéré de 2024 en 2025 et 2026, freinée par l'impact négatif sur l'investissement résidentiel de la fin du « Superbonus » d'aide à la rénovation puis par le resserrement budgétaire. Tirant profit du dynamisme de l'immigration, l'Espagne afficherait toujours un bon rythme qui, bien que s'affaiblissant, demeurerait proche de 2 % en 2026.
  7. Au total, selon le scénario macroéconomique du Gouvernement, la demande mondiale en biens adressée à la France serait modérément dynamique en 2025 (+ 2,5 %) et en ralentissement en 2026 (+ 2,1 %, tableau 1b). Le Haut Conseil considère que ce scénario est réaliste pour 2025 et plausible pour 2026. Il note cependant que le ralentissement en 2026 pourrait être plus marqué compte tenu de l'affaiblissement du commerce mondial attendu.

Tableau 1b. - Evolution de la demande mondiale adressée à la France (en %)

| | Date |2025|2026| |-------------------------------------|------------|----|----| |Demande mondiale en biens et services| | | | | Banque de France |15 septembre|2,8 |1,6 | | OCDE | 3 juin |2,6 |2,0 | | INSEE |11 septembre|3,1 | | | Demande mondiale en biens | | | | | DG Trésor |19 septembre|2,5 |2,1 |

Sources : DG Trésor, OCDE, Insee, Banque de France.


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Version 1

9. Relevés par paliers au fil des annonces, les droits de douane atteignent aujourd'hui 50 % pour l'aluminium et l'acier tandis qu'ils varient de 10 % pour le Royaume-Uni à 50 % pour l'Inde ou le Brésil, ceux de l'UE étant de 15 %. Ces changements ont propulsé le taux effectif moyen des droits de douane des Etats- Unis de 2,4 % fin 2024 à 17,9 % fin septembre (3).

10. Selon l'intensité des relations commerciales nouées avec les Etats-Unis, les dynamiques nationales sont diversement affectées par les changements tarifaires en cours, comme en témoigne la volatilité des échanges commerciaux au premier semestre 2025. L'envolée ponctuelle des importations américaines en amont des annonces tarifaires a fortement soutenu le commerce international de biens début 2025. Cela s'est traduit par une contraction technique (− 0,2 %) au premier trimestre suivi d'un rebond (+ 0,9 %) de l'activité américaine. A l'inverse, en Asie comme en Europe, l'activité a été stimulée en début d'année, avant de ralentir au deuxième trimestre. C'est notamment le cas en zone euro (+ 0,6 % puis + 0,1 %), l'Allemagne et l'Italie étant fortement exportateurs vis-à-vis des Etats-Unis.

11. Au-delà de la volatilité du premier semestre 2025, le commerce mondial ralentirait de façon marquée en 2025 du fait des hausses tarifaires conséquentes, qui lui retireraient près d'un point de pourcentage de croissance en 2025, suivi de 0,6 à 0,7 point additionnel en 2026 selon les organisations internationales (OCDE et FMI). En outre, le changement de cap de la politique commerciale américaine a engendré une vague d'incertitude à l'échelle mondiale, source d'attentisme. Bien qu'ayant nettement reflué depuis son pic d'avril 2025, l'incertitude perdure en raison de négociations tâtonnantes, à l'image des 90 jours de discussions supplémentaires octroyés mi-août à la Chine et au Mexique.

12. Dans ce contexte, l'activité américaine ralentirait nettement par rapport à 2024 (2,8%) perdant un point de croissance en 2025 (1,8 %) pour s'établir à 1,5 % en 2026 selon l'OCDE. Poussant les prix à la hausse, l'ampleur du relèvement des barrières tarifaires affecterait à la baisse les importations et la demande intérieure, également affaiblie par le retournement du marché de l'emploi et la politique migratoire restrictive, en dépit des soutiens attendus de la dépréciation du dollar et de la baisse du prix du pétrole.

13. Résiliente face à un environnement commercial moins porteur, l'activité de la zone euro accélérerait modestement en 2025 selon l'OCDE, de + 0,8 % en 2024 à + 1,2 %, tirée par la demande intérieure. Celle-ci serait en effet soutenue par la baisse de l'inflation, de meilleures conditions de financement découlant des assouplissements monétaires passés et, notamment en Italie et en Espagne, par le déploiement des fonds du plan national de relance et de résilience jusqu'en 2026. Les plans d'investissement en matière de défense et d'infrastructure, dont celui d'ampleur inédite en Allemagne, contribueraient, eux, à renforcer la croissance de la zone euro en 2026. Néanmoins l'activité y ralentirait légèrement à + 1,0 % en 2026 selon l'OCDE, en raison des ajustements budgétaires en cours en Italie et annoncés en France, de l'évolution défavorable du taux de change et de l'affaiblissement de la demande mondiale.

14. Au sein de la zone euro, les trajectoires de croissance demeureraient contrastées. Après une quasi-stagnation attendue en 2025, la croissance allemande rebondirait autour de 1 % en 2026 grâce à la mise en œuvre du plan de relance du nouveau gouvernement. En Italie, l'activité conserverait son rythme modéré de 2024 en 2025 et 2026, freinée par l'impact négatif sur l'investissement résidentiel de la fin du « Superbonus » d'aide à la rénovation puis par le resserrement budgétaire. Tirant profit du dynamisme de l'immigration, l'Espagne afficherait toujours un bon rythme qui, bien que s'affaiblissant, demeurerait proche de 2 % en 2026.

15. Au total, selon le scénario macroéconomique du Gouvernement, la demande mondiale en biens adressée à la France serait modérément dynamique en 2025 (+ 2,5 %) et en ralentissement en 2026 (+ 2,1 %, tableau 1b). Le Haut Conseil considère que ce scénario est réaliste pour 2025 et plausible pour 2026. Il note cependant que le ralentissement en 2026 pourrait être plus marqué compte tenu de l'affaiblissement du commerce mondial attendu.

Tableau 1b. - Evolution de la demande mondiale adressée à la France (en %)

Date

2025

2026

Demande mondiale en biens et services

Banque de France

15 septembre

2,8

1,6

OCDE

3 juin

2,6

2,0

INSEE

11 septembre

3,1

Demande mondiale en biens

DG Trésor

19 septembre

2,5

2,1

Sources : DG Trésor, OCDE, Insee, Banque de France.