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Analyse des prévisions macroéconomiques pour 2023 par le Haut Conseil des Finances Publiques
| Synthèse |
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|Le Gouvernement n'a pas modifié son scénario macroéconomique pour 2023 par rapport à celui associé au projet de loi de finances (PLF) pour 2024. Le Haut Conseil considère que la prévision de croissance du Gouvernement pour 2023 (+ 1,0 %) est réalisable, dans un contexte conjoncturel qui toutefois s'assombrit. La prévision d'inflation (+ 4,9 %) est toujours jugée plausible. En revanche, la croissance prévue de la masse salariale marchandes non agricoles (+ 6,5 %) apparaît désormais un peu élevée compte tenu de son ralentissement au cours de l'été.
Le Haut Conseil estime que la prévision du Gouvernement d'un solde public pour 2023 de 4,9 points de PIB, elle aussi inchangée par rapport à l'estimation associée au PLF pour 2024, est plausible. Les risques qui subsistent sur la fin de l'année, tant sur la prévision de dépenses que sur celle de recettes, semblent en effet relativement équilibrés.
Selon le Gouvernement, le solde structurel s'établirait à - 4,1 points de PIB potentiel en 2023, après 4,2 points en 2022, soit un ajustement structurel très modeste de 0,1 point de PIB potentiel. Le niveau de solde structurel en 2023, identique à celui présenté par le Gouvernement dans le projet de loi de programmation des finances publiques (PLPFP) 2023 2027 révisé en septembre 2023, demeure très éloigné de l'objectif de moyen terme de solde structurel (0,4 point de PIB potentiel), et le déficit nominal serait supérieur à 3 points de PIB, alors que la Commission européenne a annoncé qu'elle entend lever la clause dérogatoire générale du Pacte de stabilité fin 2023.
Le ratio de la dette publique au PIB baisserait de 2 points en 2023, bénéficiant à son dénominateur d'une progression importante du PIB en valeur essentiellement du fait de la forte inflation. Le Haut Conseil note toutefois que la France continuerait de voir sa position en termes d'endettement s'éroder au sein de la zone euro, la baisse du ratio de dette publique étant plus rapide dans de nombreux pays de la zone euro, y compris parmi les plus endettés (comme l'Espagne et le Portugal). Le Haut Conseil rappelle que le retour à des niveaux de dette garantissant à la France de disposer de marges de manœuvre suffisantes est nécessaire pour qu'elle soit en mesure de faire face à l'avenir à des chocs macroéconomiques ou financiers et aux besoins d'investissement public que nécessite en particulier la transition écologique.|
Observations liminaires
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En application de l'article 61-V de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances modifiée, le Haut Conseil a été saisi par le Gouvernement le 20 octobre 2023 pour rendre un avis sur les prévisions macroéconomiques associées au projet de loi de finances de fin de gestion (PLFFG) pour 2023, sur le réalisme des prévisions de recettes et de dépenses et sur la cohérence de ce projet de loi avec la trajectoire pluriannuelle de solde structurel.
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Afin d'apprécier le réalisme des prévisions macroéconomiques associées au projet de loi et celui des prévisions de finances publiques, le Haut Conseil s'est fondé sur les dernières statistiques disponibles et sur les informations communiquées par le Gouvernement, dans sa saisine et dans les réponses aux questionnaires.
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Le Haut Conseil a procédé, comme le permet l'article 61-IX de la loi organique relative aux lois de finances, à l'audition des représentants des administrations compétentes (direction générale du Trésor et direction du budget) à la suite de la saisine.
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Le Haut Conseil s'est également appuyé sur les travaux de l'INSEE, de la Banque de France, de Rexecode et de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), de la Commission européenne, de l'Organisation et de coopération et de développement économique (OCDE) et du Fonds monétaire international (FMI).
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Les prévisions macroéconomiques pour 2023
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Le scénario du Gouvernement
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Selon la saisine du Gouvernement, « Le scénario macroéconomique sous-jacent au PLFG 2023 n'est pas modifié par rapport à celui sous-jacent au projet de loi de finances pour 2024, qui retenait une croissance du PIB de 1,0 % pour l'année 2023. Les informations nouvelles depuis la finalisation du projet de loi de finances pour 2024 sont en effet cohérentes avec le scénario macroéconomique du PLF.
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L'inflation s'est établie à + 4,9 % en glissement annuel en septembre, identique à celle du mois d'août mais avec des évolutions contrastées par composantes. Si l'énergie a fortement augmenté, notamment en raison de la hausse des prix du pétrole, les prix alimentaires (en baisse en variation mensuelle pour la première fois depuis octobre 2021) confirment leur reflux rapide et les prix de services sont moins dynamiques qu'attendu. Le chiffre de septembre est ainsi cohérent avec le scénario sous-jacent du PLF, qui tablait sur une inflation en moyenne annuelle de + 4,9 %. »
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Appréciation du Haut Conseil
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Pour 2023, le Gouvernement prévoit, comme dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2024, une croissance du PIB en volume de 1,0 % en moyenne annuelle.
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Cette prévision a été jugée plausible par le Haut Conseil des finances publiques dans son avis rendu en septembre. Les informations conjoncturelles publiées depuis confirment que cette prévision est réalisable, mais invitent à nuancer très légèrement ce diagnostic.
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Ainsi, les données d'activité disponibles pour le 3e trimestre ne signalent pas, à ce stade, de contrecoup marqué après la forte croissance du PIB observée au 2e trimestre (+ 0,5 % par rapport au premier trimestre). Si la production dans les services s'est repliée en juillet (- 0,8 %), la production industrielle est, quant à elle, en légère hausse (l'acquis pour le 3e trimestre à fin août s'élève à 0,2 %, après une hausse de + 1,0 % au 2e trimestre) et la consommation des ménages en biens a rebondi (acquis de 0,8 % à fin août, alors qu'elle avait baissé de 0,6 % au 2e trimestre).
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Toutefois, les enquêtes de conjoncture se sont légèrement dégradées, notamment celles publiées par l'INSEE pour le mois d'octobre, qui montrent une détérioration du climat des affaires dans la plupart des secteurs. Dans l'industrie manufacturière, le solde d'opinion sur l'évolution de la production passée s'est notamment fortement replié, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis juillet 2020, ainsi que celui sur les perspectives personnelles de production, en repli de près de 12 points. Le climat des affaires global, qui était quasiment inchangé depuis mai, est passé en deçà de son niveau de long terme.
Graphique 1. - Climat des affaires
Vous pouvez consulter l'image dans le fac-similé du
JOnº 0254 du 01/11/2023, texte nº 111
Source : INSEE.
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