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Transformation de l'offre régionale et visibilité des Outre-mer chez France Télévisions
La transformation de l'offre régionale est l'un des objectifs majeurs du COM 2020-2022 de France Télévisions et se situe au cœur du projet stratégique de sa présidente. Des évolutions importantes ont ainsi été engagées (essor et poursuite du développement des matinales communes France Bleu/France 3, allongement d'une demi-heure de la tranche d'information régionale du soir, annonce de la suppression de l'édition nationale des sessions d'information de France 3).
Pour autant, l'indicateur du COM qui prévoyait le passage à six heures en 2022 du volume quotidien de tranches nationales consacrées à des décrochages régionaux de deux heures en 2018, ne s'établit qu'à 3h21/jour en 2021, laissant présager une difficulté à respecter l'objectif fixé pour 2022. France Télévisions plaide pour l'adoption d'un indicateur élargi à tous les décrochages régionaux (y compris ceux à titre exceptionnel, hors tranche nationale), qui reflèterait mieux l'effort du groupe. L'Autorité est toutefois réservée quant à ce changement, considérant qu'il est délicat de modifier un indicateur en cours de COM.
S'agissant de la visibilité des Outre-mer, et à la suite de l'arrêt de la chaîne France Ô le 23 août 2020, un pacte a été conclu entre le Gouvernement et France Télévisions afin de garantir la présence des programmes consacrés à ces Outre-mer sur les antennes de France Télévisions. Le dernier Comité de suivi de ce pacte s'est réuni le 23 octobre 2021.
L'indicateur 10.1 du COM, qui reprend l'un des principaux engagements du pacte, prévoit la diffusion d'au moins 12 programmes ultramarins en première partie de soirée chaque année.
Au titre de 2021, le Conseil a retenu 36 programmes répondant à la définition figurant dans le pacte (23) sur les 41 déclarés par FTV, soit une forte progression par rapport à 2020 (23 émissions) et nettement plus que le minimum requis. Comme l'an passé, il a considéré que les programmes déclarés respectaient la définition du pacte, à l'exception des divertissements consacrés à l'ensemble des régions (« Le village préféré des Français », etc.), où la présence des Outre-mer n'est que minoritaire, et des émissions de divertissement qui se contentent de faire participer un candidat issu d'un territoire ultramarin.
Cette année encore, l'ARCOM observe que ces bons résultats de la programmation ultramarine de première partie soirée sur France 2 et France 3 reposent principalement sur la fiction et les documentaires dits « de découverte et de voyages », l'actualité, l'histoire ou la culture ultramarine étant encore peu abordés. A ce titre, des programmes comme La Guadeloupe au compte-goutte ou Toussaint Louverture sont à encourager. De même, à l'exception de Teddy Rinner, aucun portrait de personnalité issue de la France d'Outre-mer n'aura été diffusé par France 5.
Le portail Outre-mer La 1ère, lancé le 3 juin 2020, constituait aussi une réponse à l'arrêt de France Ô. Il a confirmé en 2021 qu'il apporte une offre riche, notamment d'information locales en ligne, de documentaires et de fictions. Des programmes numériques natifs (dont de la fiction audiovisuelle inédite) sont désormais également disponibles. Comme l'ont fait observer les parlementaires et les associations d'usagers, cette offre peut encore progresser. Les chaînes Outremer premières ne sont paradoxalement pas accessibles en direct en métropole, certains programmes étant en effet encore soumis à des droits d'exploitation géographiquement limités. Pour autant, cette offre, constitue déjà un point d'entrée unifié de l'actualité ultramarine.
Enfin, il est à noter la signature, le 22 octobre 2021, d'un Pacte élargi pour la visibilité des Outre-mer, entre l'Etat et l'ensemble des sociétés publiques, France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, Arte France, TV5 Monde et l'INA. Ce pacte comporte quinze engagements visant à améliorer la visibilité des territoires ultramarins. En 2022, puis en 2023, les entreprises signataires rendront compte dans un rapport commun de la mise en œuvre des engagements qui y figurent.
L'ARCOM a présenté au Parlement en juillet 2022 son rapport sur la représentation française à la radio et à la télévision en 2021 et notamment les résultats de son « baromètre de la diversité ». Ce rapport aborde notamment la visibilité ultramarine sur France Télévisions comme sur l'ensemble des chaînes (24). Il souligne qu'en 2021, première année entière où la chaîne France Ô a cessé d'émettre, les personnes résidant dans les territoires ultra-marins représentent seulement 3 % du total des personnes indexées et chute de plus de 7 points par rapport aux exercices précédents. Si ce résultat reflète la programmation des chaînes publiques et privées, il importe néanmoins que France Télévisions poursuive ses efforts, dans un contexte où les plateformes vont parfois plus loin en matière d'exposition des diversités.
(23) « L'engagement minimal visant à diffuser annuellement au moins 12 programmes ultramarins en première partie de soirée est conforme aux engagements du Pacte pour la visibilité des Outre-mer et aux obligations du cahier des charges de France Télévisions. Ledit Pacte définit la notion de programmes ultramarins (programme qui remplit au moins l'une des conditions suivantes : il est financé ou co-financé par une ou plusieurs antennes du Pôle Outre-mer ; la société de production ou de co-production du programme a son siège dans un territoire ultramarin et/ou réalise au moins 50 % de son chiffre d'affaires en Outre-mer ; une part substantielle de son contenu est tournée dans un territoire d'Outre-mer ; le programme traite d'un sujet explicitement lié à un ou plusieurs territoires d'Outre-mer ; le programme met en avant de façon significative une personnalité, une initiative, une œuvre, un mouvement, un lieu ou un événement culturel ou historique issu d'un territoire d'Outre-mer). » - extrait du COM de France Télévisions.
(24) « En 2021, première année entière où la chaîne France Ô a cessé d'émettre, les personnes résidant dans les territoires ultra-marins représentent seulement 3 %* du total des personnes indexées, soit un taux de représentation qui chute de plus de 7 points par rapport aux exercices précédents (10 % en 2019 et 2020). De surcroît, ces personnes tiennent davantage de rôles secondaires que la moyenne ; ».
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