En 2018, France Télévisions a atteint l'objectif prévu par le COM, le groupe ayant investi un montant global de 420,3 M€ dans la création audiovisuelle. Le montant des investissements réalisés au titre des obligations réglementaires du groupe s'est élevé à 408,1 M€, soit 9,3 M€ de plus que le seuil réglementaire minimal, auxquels s'ajoutent 12,2 M€ consacrés aux documentaires régionaux et ultramarins (+ 0,7 M€ par rapport à 2017, soit une hausse de 6 %).
France Télévisions a ainsi respecté l'ensemble des contrats pluriannuels signés avec les organisations professionnelles dans le cadre du « Plan création » de 2017, qui contiennent des engagements d'investissements dans plusieurs genres patrimoniaux (documentaire, animation et spectacle vivant). Le Rapport sur l'exécution du cahier des charges de France Télévisions - Année 2018 publié par le Conseil comporte une analyse détaillée du soutien et de l'exposition accordés aux différents genres (1). Une synthèse tenant compte des orientations définies par le COM est proposée ci-dessous.
La fiction : un soutien majeur pour une offre en cours de diversification
Après avoir atteint un niveau particulièrement haut en 2017 (274,7 M€), les investissements dans la fiction audiovisuelle se sont élevés à 266,4 M€ en 2018 (- 8,3 M€, soit une diminution de 3 % en un an) et ont ainsi représenté une part de 65 % de l'ensemble des investissements du groupe public dans la création audiovisuelle patrimoniale (hors documentaires régionaux et ultramarins), contre 67 % en 2017 et 63 % en 2016.
L'offre de fiction française diffusée par France Télévisions reste très majoritairement programmée en première partie de soirée et enregistre d'importants succès d'audience (en particulier Capitaine Marleau sur France 3, série du groupe la plus suivie avec quatre épisodes classés parmi les 100 meilleures audiences annuelles de la télévision en 2018, ainsi que Meurtres à…, Candice Renoir ou Les rivières pourpres sur France 2).
Sur France 2, les fictions unitaires consacrées à des sujets de société suivies d'un débat se sont à nouveau distinguées au sein des notes d'impact attribuées par les téléspectateurs dans le cadre du baromètre « QualiTV ». En 2018, elles ont abordé, entre autres thèmes, l'erreur judiciaire (Je voulais juste rentrer chez moi), le trafic de drogue (Prêtes à tout) ou l'alcoolisme (La soif de vivre), contribuant à la sensibilisation du grand public à des questions de société - comme le font également les feuilletons quotidiens du groupe.
En 2018, l'offre de fiction française proposée par France Télévisions s'est étoffée avec le lancement du feuilleton quotidien Un si grand soleil, produit par france.tv studio, diffusé en avant-soirée. Par ailleurs, le lancement de la série à destination des adolescents SKAM France, conçue spécifiquement pour une diffusion numérique, est à souligner. La chaîne corse Via Stella a également proposé la série humoristique Back to Corsica, intégrée en 2019 à l'offre numérique pour jeunes adultes Slash.
Cependant, l'offre de fiction du groupe continue d'être dominée par le genre policier. Elle présente donc une insuffisante diversification, qui constitue pourtant une priorité du COM avec l'objectif de s'adresser à un public élargi. Les résultats de la « consultation citoyenne » menée par le groupe en 2018 témoignent en effet de la forte attente des téléspectateurs en matière d'originalité et de variété des formats et des genres. Les projets en développement récemment présentés par le groupe, destinés tant à une diffusion sur les antennes linéaires que sur les environnements numériques, devraient contribuer à renouveler cette offre.
Le documentaire : des investissements et une exposition qui progressent
Le montant total des investissements consacrés par France Télévisions au documentaire en 2018 s'élève à 105,8 M€, en hausse de 5 % par rapport à 2017 (+ 4,8 M€). Le groupe a ainsi dépassé de près de 5 M€ le seuil minimal de 88,8 M€ figurant dans l'accord conclu avec les organisations professionnelles (SATEV, SPI, USPA), ce dernier n'incluant pas les documentaires régionaux et ultramarins auxquels France Télévisions a consacré 12,2 M€ en 2018.
Conformément aux objectifs du COM, le renforcement du soutien accordé par France Télévisions au documentaire est placé au service d'un développement de l'exposition de ce genre sur l'ensemble des antennes du groupe, plus particulièrement aux heures de grande écoute. Ainsi, le volume global de diffusion des documentaires (8 382 heures) a progressé de 2 % en 2018, porté par une hausse de 14 % entre 20 h 30 et 22 h 30 (sur cette tranche horaire, l'offre de documentaires s'établit à 938 heures). Cette hausse aux heures de grande écoute a concerné l'ensemble des antennes, en particulier France 4 (+ 49 %) ainsi que les deux chaînes généralistes France 2 (+ 18 %) et France 3 (+ 32 %).
Les documentaires français diffusés par le groupe sont particulièrement représentés parmi les programmes de première partie de soirée les mieux notés par les téléspectateurs dans le baromètre « QualiTV », à l'instar de la série Histoires d'une nation sur France 2, de Simone Veil, album de famille diffusé sur France 3 à l'occasion de l'entrée de l'ancienne ministre au Panthéon, ou des documentaires de la case « Enquête de santé » sur France 5.
En progression d'un point en un an, la part du volume de documentaires diffusé entre 20 h 30 et 22 h 30 représente 11 % du volume total de diffusion de ce genre. S'appuyant sur les succès rencontrés, l'offre de documentaires pourrait donc voir sa valorisation en première partie de soirée s'amplifier.
L'animation : un engagement ambitieux tenu
France Télévisions a consacré 28,3 M€ au financement des œuvres audiovisuelles d'animation en 2018, et a investi 2 M€ dans le cinéma d'animation pour la deuxième année consécutive. Ainsi, le groupe a réalisé un investissement de 60,3 M€ dans l'animation pour la période 2017-2018, dépassant légèrement le plancher de 60 M€ inscrit dans l'accord signé avec le syndicat des producteurs de films d'animation (SPFA). La part réservée au soutien des œuvres audiovisuelles (93 % de l'investissement total) excède le minimum de 85 % prévu par l'accord.
La diffusion d'œuvres audiovisuelles d'animation a connu une progression significative en 2018 (+ 9 %) avec 6 480 heures d'œuvres audiovisuelles d'animation en 2018, un volume largement supérieur au plancher de 4 500 heures inscrit dans l'accord conclu avec le SPFA. Cette augmentation est exclusivement due à l'accroissement du volume proposé sur France 4 (+ 17 %). Avec 4 467 heures proposées sur cette chaîne, son poids dans l'offre globale de fiction d'animation a progressé de 5 points pour représenter 69 % du total. Le Conseil relève en outre que la part d'œuvres EOF a fortement progressé en 2018 (+ 11 points) pour atteindre 63 % de l'offre.
Le spectacle vivant : un financement stable insuffisamment mis en valeur dans la programmation
Avec 17,1 M€ investis dans le spectacle vivant en 2018, contre 17,3 M€ en 2017, France Télévisions a dépassé de 2,9 M€ l'engagement biennal minimal de 31,5 M€ pour ces deux exercices figurant dans l'accord conclu avec les organisations professionnelles (SPECT, SPI, USPA).
Cependant, l'exposition réservée à ce genre n'est pas à la hauteur de l'ambition affichée par le COM, consistant pour l'ensemble des antennes du groupe à assurer la diffusion de spectacles vivants aux heures de grande écoute. Malgré une légère amélioration en 2018 du fait de l'ouverture de la case de deuxième partie de soirée « Passage des arts » sur France 5, les spectacles vivants (y compris les concerts) sont très majoritairement diffusés la nuit sur l'ensemble des antennes, à des horaires qui ne permettent pas la rencontre de ces programmes avec le grand public. Les spectacles dramatiques et le cirque bénéficient toutefois de conditions de diffusion globalement plus favorables.
Le portail numérique Culturebox a mis à disposition des internautes un important catalogue (près de 600 vidéos en 2018, selon France Télévisions) mais n'a pas vu sa visibilité progresser comme le prévoyait pourtant le COM. En 2019, la marque Culturebox a été supprimée, les contenus hébergés par la plateforme étant désormais publiés sur franceinfo : et france.tv. Il reste à prouver que cette évolution favorisera une meilleure identification de l'offre culturelle numérique du groupe.
- Un financement du cinéma à hauteur des obligations et une exposition des films en recul
D'un montant total de 60,6 M€ en 2018, la contribution de France Télévisions à la production d'œuvres cinématographiques est supérieure au seuil minimal fixé par le COM (57 M€, le plancher n'ayant pas été révisé à 60 M€ faute d'accord intervenu avec la profession sur l'exploitation numérique des œuvres. L'investissement global de France Télévisions est constitué de la somme des contributions de France 2 (35,5 M€), France 3 (22,7 M€) et France 4 (2,4 M€, exclusivement consacrés à l'acquisition de droits de diffusion). En 2018, ces contributions n'ont pas dépassé le montant correspondant à l'obligation réglementaire à laquelle sont soumis chacun de ces services, soit un investissement minimal à hauteur de 3,5 % du chiffre d'affaires de l'année précédente. Excédentaire par rapport au plancher minimal du COM, le niveau de financement atteint en 2018 est donc la conséquence du strict respect par France Télévisions des dispositions de l'article 9 de son cahier des charges.
Indicateur 1
Niveau minimal d'investissement dans la création cinématographique, exprimé en valeur absolue
|2015
Réalisé|2016
Réalisé|2017
Réalisé|2018
Objectif|2018
Réalisé| 2019 |2020|
|------------------|------------------|------------------|---------------------|--------------------|---------------------------------------------------------------------------|----|
| 59,2 M€ | 59,8 M€ | 60,5 M€ | 57 M€ | 60,6 M€ |Révision du plancher
à 60 M€ en cas d'accord
avec la profession| |
Source : CSA - Direction des programmes
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