- Enfin, alors que le Gouvernement estime que la perte pérenne d'activité suite à la crise (1 ½ %) est quasi exclusivement attribuable à l'ajustement de la productivité, les estimations récentes par la Banque de France et l'OFCE évaluent la perte pérenne de productivité à environ 3 points. Il existe un risque important que cela conduise à un nouvel abaissement ex post du niveau du PIB potentiel, et donc à une révision à la hausse de la part du déficit structurel.
- L'évaluation de croissance potentielle du Gouvernement (+1,35 % par an de 2024 à 2027) est supérieure à celles de l'OCDE sur la période 2024-2025 (+1,1 %) et de la Banque de France sur la période 2024-2026 (+1,2 %). Elle est également plus élevée que la prévision du FMI (+1,2 % par an) et celle de la Commission européenne (+0,9 % par an) sur la période 2024-2027.
- Le scénario sous-jacent à la prévision de la croissance potentielle du Gouvernement est inchangé par rapport à celui du précédent Programme de stabilité. Il suppose une contribution du facteur travail entre 0,3 % et 0,4 % entre 2023 et 2027 (cohérente avec une croissance de l'emploi de l'ordre de 0,5 % à 0,6 %) qui intègre l'effet global attendu sur l'emploi d'un ensemble de réformes. Certaines ont été mises en œuvre (réforme des retraites, la réforme 2023 de l'assurance chômage, l'élargissement de l'apprentissage au lycée professionnel, la transformation de Pôle emploi en France Travail, mise en place d'un service public de la petite enfance) ; d'autres sont en cours ou annoncées (la réforme du RSA, une nouvelle réforme de l'assurance chômage).
- La croissance de l'emploi prévue par le Gouvernement est un peu surestimée. Les effets prévus sur l'emploi de la réforme des retraites semblent cohérents avec les estimations existantes, mais ceux attendus de la réforme 2023 de l'assurance chômage reposent sur des hypothèses avantageuses pour ce qui est de l'ajustement du taux de chômage à la réduction de la durée d'indemnisation et de la probabilité de retrouver un emploi pour les personnes qui ne seraient plus indemnisées. Concernant la loi du 18 décembre pour le plein emploi et plus précisément la réforme du RSA, le Gouvernement n'a pas fourni de précision sur le nombre d'emplois qu'il inclut dans sa prévision. Il n'a pas précisé non plus ni les mesures prévues dans la réforme annoncée de l'assurance-chômage ni son calendrier de mise en œuvre.
- Le Gouvernement maintient son estimation d'une contribution de la productivité globale des facteurs à la croissance potentielle du précédent Programme de stabilité et de la LPFP 2023-2027 (entre 0,4 et 0,5 point) : « L'hypothèse sous-jacente au Programme de stabilité est donc celle d'une tendance de productivité identique à la tendance pré-crise, hors effet des réformes du marché du travail. ».
- La croissance retenue pour la productivité globale des facteurs paraît élevée. Tout d'abord, elle repose sur une évaluation de sa tendance d'avant-crise supérieure aux estimations disponibles. (8) Ensuite, l'hypothèse d'une tendance de productivité identique à la tendance pré-crise, hors effet des réformes du marché du travail, paraît optimiste, la faiblesse de la productivité depuis 2020 pouvant s'expliquer en partie par une poursuite de son ralentissement à l'œuvre depuis les années 1980.
- Enfin, le scénario du Programme de stabilité suppose une contribution du facteur capital à la croissance potentielle de 0,5-0,6 point cohérente avec l'hypothèse de croissance de la productivité globale des facteurs, mais de ce fait optimiste.
- Il subsiste des aléas négatifs importants liés (i) aux traces laissées par la crise sanitaire sur le secteur productif et le niveau de compétences de la main-d'œuvre, (ii) à l'importance des contraintes auxquelles l'économie française devra faire face dans la durée (transition écologique, endettement public et privé).
- Au total, du fait de choix favorables à la fois sur le niveau de l'écart de production en début de période et sur la croissance potentielle ultérieure, la trajectoire de PIB potentiel du Gouvernement reste supérieure à celles du FMI (de +0,9 % en 2027) et de la Commission européenne (de +1,7 % en 2027).
Graphique 7. - Comparaison des prévisions de PIB potentiel en France (PIB potentiel en Md€ en volume)
Vous pouvez consulter l'image dans le fac-similé du JO
nº 0096 du 24/04/2024, texte nº 73
Source : Prévisions économiques d'automne de la Commission européenne (novembre 2023), Perspectives économiques de l'OCDE (novembre 2023) et Perspectives de l'économie mondiale du FMI (avril 2024) et Programmes de stabilité du Gouvernement 2023-2027 et 2024-2027
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