Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 8 décembre 2016, relative à une sculpture d'Apollon Citharède, bronze, provenant probablement des environs de Pompéi, deuxième moitié du IIe siècle-début du Ier siècle avant J.-C. ;
La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 22 mars 2017 ;
Après en avoir délibéré ;
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable statue de bronze antique, représentant le dieu Apollon, fils de Zeus et de Léto, qui était à l'origine porteur d'un plectre et d'une cithare, attributs faisant référence à son rôle de dieu des arts et de la musique dans la mythologie grecque, à présent disparus, tout comme les yeux initialement rapportés ; que ce bronze, d'une facture d'une très grande qualité et de taille moyenne, néanmoins traité avec le même soin que les grandes statues de l'époque, fondu en creux à la cire perdue sur négatif et composé de plusieurs pièces assemblées, présente un aspect androgyne, avec son torse gynoïde, sa musculature peu affirmée et sa longue chevelure ; que ces caractéristiques l'inscrivent dans un courant artistique attesté à la fin de l'époque hellénistique et illustré par plusieurs figures d'Eros, datées de la seconde moitié du IIe siècle avant J.-C., retrouvées dans la nécropole de Myrina, située dans l'actuelle Turquie, et deux porteurs de lumière découverts dans l'épave de Mahdia au large de la Tunisie ; que cette pièce, d'une extrême rareté, en raison de la disparition dès l'Antiquité de la majorité des bronzes, et attribuable à un atelier grec, remplissait sans doute un rôle ornemental dans l'atrium, le triclinium ou le jardin d'une villa romaine, détruite par l'éruption du Vésuve en 79 après J.-C. ; que l'existence de cette œuvre est mentionnée en 1924 dans le Répertoire de la statuaire grecque et romaine de Salomon Reinach (1858-1932), archéologue, ancien membre de l'Ecole française d'Athènes et conservateur du musée de Saint-Germain-en-Laye, qui la signale comme de provenance des « environs de Pompéi » et appartenant en 1922 à la collection de la seconde épouse du collectionneur et marchand d'antiquités, Joseph Durighello (1861-1924) ; que cet exemplaire d'Apollon Citharède, récemment réapparu après avoir figuré dans le catalogue de la vente après décès de Joseph Durighello en 1925, dont la continuité de la présence en France est attestée sur près d'un siècle et la provenance des cités vésuviennes semble très vraisemblable, constitue, par sa rareté et ses caractéristiques, un jalon important dans l'évolution des bronzes antiques, susceptible de permettre d'approfondir leur connaissance ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.
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