JORF n°0027 du 1 février 2017

Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11,
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 27 septembre 2016, relative à une sculpture d'Auguste RODIN, Je suis belle, plâtre, signé « A. Rodin » à l'arrière de la base, vers 1885,
La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 18 janvier 2017,
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable épreuve en plâtre, datant probablement de 1885 et récemment réapparue, d'Auguste Rodin (1840-1917), sculpteur français majeur ; que cette œuvre, dont l'existence est mentionnée dès janvier 1886, doit son titre aux vers de Charles Baudelaire dans le poème « La Beauté », tiré du recueil Les Fleurs du mal (XVII) : « Je suis belle, ô mortels comme un rêve de pierre », à laquelle cette sculpture a été liée lors de l'exposition de juin 1886 à la galerie Georges Petit ; que la préfiguration de ce groupe, constitué de deux figures associées qui étaient antérieurement indépendantes, apparaît dès 1880 en haut du bord de droite de La Porte de l'Enfer, avec La Femme accroupie, tenue à bout de bras par L'Homme qui tombe ; que cette sculpture apparaît, par son modelé plus précis que celui des plâtres connus de la même œuvre et par la trace de la modification de l'état d'origine des bras des personnages résultant vraisemblablement d'une intervention de l'artiste, comme l'assemblage d'origine de Je suis belle ; que, par conséquent, elle constitue le premier assemblage répertorié dans l'histoire de ce processus chez Rodin, dans la mesure où elle précède Les Trois ombres du sommet de la Porte de l'enfer (fin 1886-1887) et Les Sources taries (1889) ; que ce rare exemplaire récemment redécouvert, sans doute le premier de cette œuvre, constitue, par son ancienneté et ses caractéristiques techniques, un jalon capital, susceptible de permettre d'approfondir la connaissance du processus de création de ce grand artiste de la seconde moitié du xixe siècle, qui a tracé la voie à la sculpture moderne ;
Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.


Historique des versions

Version 1

Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,

Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11,

Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 27 septembre 2016, relative à une sculpture d'Auguste RODIN, Je suis belle, plâtre, signé « A. Rodin » à l'arrière de la base, vers 1885,

La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 18 janvier 2017,

Après en avoir délibéré,

Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable épreuve en plâtre, datant probablement de 1885 et récemment réapparue, d'Auguste Rodin (1840-1917), sculpteur français majeur ; que cette œuvre, dont l'existence est mentionnée dès janvier 1886, doit son titre aux vers de Charles Baudelaire dans le poème « La Beauté », tiré du recueil Les Fleurs du mal (XVII) : « Je suis belle, ô mortels comme un rêve de pierre », à laquelle cette sculpture a été liée lors de l'exposition de juin 1886 à la galerie Georges Petit ; que la préfiguration de ce groupe, constitué de deux figures associées qui étaient antérieurement indépendantes, apparaît dès 1880 en haut du bord de droite de La Porte de l'Enfer, avec La Femme accroupie, tenue à bout de bras par L'Homme qui tombe ; que cette sculpture apparaît, par son modelé plus précis que celui des plâtres connus de la même œuvre et par la trace de la modification de l'état d'origine des bras des personnages résultant vraisemblablement d'une intervention de l'artiste, comme l'assemblage d'origine de Je suis belle ; que, par conséquent, elle constitue le premier assemblage répertorié dans l'histoire de ce processus chez Rodin, dans la mesure où elle précède Les Trois ombres du sommet de la Porte de l'enfer (fin 1886-1887) et Les Sources taries (1889) ; que ce rare exemplaire récemment redécouvert, sans doute le premier de cette œuvre, constitue, par son ancienneté et ses caractéristiques techniques, un jalon capital, susceptible de permettre d'approfondir la connaissance du processus de création de ce grand artiste de la seconde moitié du xixe siècle, qui a tracé la voie à la sculpture moderne ;

Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national ;

Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.