Article 1
L'acte dénommé « loi du pays » n° 2011-9 du 7 avril 2011 ainsi que son acte de promulgation sont annulés.
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Le Conseil d'Etat statuant au contentieux (section du contentieux, 10e et 9e sous-sections réunies),
Sur le rapport de la 10e sous-section de la section du contentieux,
Vu 1°, sous le numéro 349039, la requête, enregistrée le 5 mai 2011 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Polynésie française, dont le siège est BP 302, à Papeete (98713), la EURL AQUANET, dont le siège est servitude Boubée Pirae, BP 14398, à Arue ; la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Polynésie française, la EURL AQUANET demandent au Conseil d'Etat :
1° D'annuler l'acte dénommé « loi du pays » n° 2011-9 du 7 avril 2011 portant modification du code des impôts ;
2° De mettre à la charge de la Polynésie française la somme de 3 000 € au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;
Vu 2°, sous le numéro 349126, la requête, enregistrée le 9 mai 2011 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour le Mouvement des entreprises françaises-Polynésie française, dont le siège est immeuble Farnham, rue Clappier, BP 972, à Papeete (98713), M. Jacques BILLON-TYRARD, demeurant lot 160, Te Tavake Village, à Punaauia (98718), M. Guillaume PROIA, demeurant résidence Les Hauts de Matatia C 31, à Punaauia (98718), Mme Patricia LO MONACO, demeurant PK 12.5, quartier Neti, à Mahina (98709) ; le Mouvement des entreprises françaises-Polynésie française et autres demandent au Conseil d'Etat :
1° D'annuler l'acte dénommé « loi du pays » n° 2011-9 du 7 avril 2011 portant modification du code des impôts ;
2° De mettre à la charge de la Polynésie française le versement à chacun d'eux de la somme de 3 000 € au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;
Vu les autres pièces des dossiers ;
Vu la Constitution, notamment son article 74 ;
Vu la loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 ;
Vu le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
― le rapport de M. Aurélien Rousseau, auditeur ;
― les observations de la SCP de Chaisemartin, Courjon, avocat du président de la Polynésie française ;
― les conclusions de M. Julien Boucher, rapporteur public ;
La parole ayant été à nouveau donnée à la SCP de Chaisemartin, Courjon, avocat du président de la Polynésie française ;
Considérant que les requêtes visées ci-dessus présentent à juger les mêmes questions ; qu'il y a lieu de les joindre pour statuer par une seule décision ;
Sur la fin de non-recevoir soulevée par le président de l'assemblée de la Polynésie française sous le numéro 349126 :
Considérant que la requête présentée par le Mouvement des entreprises françaises-Polynésie française et autres a été présentée par télécopie enregistrée au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat le 9 mai 2011 et régularisée par la réception de l'original le 10 mai 2011 ; que, par suite, la fin de non-recevoir susvisée, tirée de la tardiveté de la requête, doit être écartée ;
Considérant que les requérants demandent l'annulation de l'acte dénommé « loi du pays » n° 2011-9 du 7 avril 2011 portant modification du code des impôts en tant que cet acte assujettit de manière différenciée à la contribution sociale territoriale les dirigeants de sociétés percevant des rémunérations de toutes natures sans être propriétaires de parts ou d'actions de ces sociétés, d'une part, et, d'autre part, les dirigeants percevant également des rémunérations de toutes natures et détenant au moins une part ou action de ces sociétés, qui, pour leur part, font l'objet d'une imposition plus élevée ;
Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens des requêtes ;
Considérant que le principe d'égalité devant les charges publiques ne s'oppose pas à ce que des dispositions différentes soient appliquées à des personnes qui ne se trouvent pas dans la même situation, dès lors que les critères de différenciation entre contribuables ont, au regard de l'objectif de la mesure, un caractère objectif et rationnel ; qu'il ne ressort pas du dossier que l'acte dénommé « loi du pays » contesté aurait été adopté pour un autre motif que celui d'augmenter les ressources budgétaires du territoire ; que la distinction retenue par cet acte entre les contribuables dirigeant une société selon qu'ils détiennent ou pas une ou plusieurs actions ou parts est par elle-même dénuée de toute incidence sur l'appréciation des capacités contributives ; que, dès lors, la distinction critiquée ne peut être regardée comme revêtant un caractère objectif et rationnel au regard de l'objectif de la mesure ; que les requérants sont dès lors fondés à demander l'annulation de l'acte dénommé « loi du pays » n° 2011-9 du 7 avril 2011 ainsi que de son acte de promulgation ;
Sur les conclusions tendant à l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative :
Considérant qu'il y a lieu dans les circonstances de l'espèce de mettre à la charge de la Polynésie française le versement à la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Polynésie française, à l'EURL AQUANET, au Mouvement des entreprises-Polynésie française, à MM. BILLON-TYRARD et PROIA et à Mme LO MONACO, la somme globale de 500 € chacun en application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative,
Décide :
L'acte dénommé « loi du pays » n° 2011-9 du 7 avril 2011 ainsi que son acte de promulgation sont annulés.
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La Polynésie française versera à la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Polynésie française, à l'EURL AQUANET, au Mouvement des entreprises françaises-Polynésie française, à M. Jacques BILLON-TYRARD, à M. Guillaume PROIA, à Mme Patricia LO MONACO la somme globale de 500 € chacun.
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La présente décision sera notifiée à la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Polynésie française, à l'EURL AQUANET, au Mouvement des entreprises françaises-Polynésie française, à M. Jacques BILLON-TYRARD, à M. Guillaume PROIA, à Mme Patricia LO MONACO, au président de la Polynésie française, au président de l'assemblée de la Polynésie française, au haut-commissaire de la République en Polynésie française, au ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration et au Premier ministre.
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