Saisie par le ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 19 janvier 2012, relative à deux statuettes représentant saint Jean et la Synagogue provenant d'une descente de Croix, ivoire, Ile-de-France, fin du xiiie siècle ;
La commission, régulièrement convoquée et constituée, réunie le 15 février 2012 ;
Après en avoir délibéré ;
Considérant que les biens pour lesquels le certificat d'exportation est demandé sont deux remarquables statuettes, identifiées avec certitude comme issues d'un groupe représentant une Descente de Croix et considéré comme une œuvre majeure de l'art gothique français, dont les autres éléments connus sont conservés dans un musée national ; que les deux principales pièces manquantes de ce groupe, réunissant déjà la Vierge, Joseph d'Arimathie soutenant le corps du Christ, l'Eglise et Nicodème, sont saint Jean, traditionnellement représenté au pied de la Croix en pendant de la Vierge, qui essuie ses larmes avec un pan de son manteau, et l'allégorie de la Synagogue, symétrique de celle de l'Eglise, qui, conformément à une iconographie de l'époque, penche sa tête aux yeux bandés et tient les Tables de la Loi ; que ces deux ivoires gothiques, d'une importance majeure par la qualité et l'élégance de leur style, la finesse du traitement des visages et des drapés, ont été travaillés entièrement en ronde-bosse comme de véritables sculptures avec une remarquable virtuosité d'exécution ; que ces rares témoins de l'art gothique français sont restés la propriété de la même famille française au cours du xxe siècle et sont récemment apparus sur le marché, alors qu'ils étaient considérés comme perdus ; que le maintien sur le territoire national apparaît comme une opportunité unique de reconstituer presque complètement cet ensemble, exceptionnel exemple, par son état de conservation, des images de dévotion citées dans les inventaires princiers mais jamais parvenues intactes jusqu'à présent ;
Qu'en conséquence ces biens présentent un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doivent être considérés comme des trésors nationaux,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.
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