Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article 7 du décret n° 93-124 du 29 janvier 1993 modifié relatif aux biens culturels soumis à certaines restrictions de circulation,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2 et L. 111-4 ;
Vu le décret n° 93-124 du 29 janvier 1993 modifié relatif aux biens culturels soumis à certaines restrictions de circulation, notamment son article 7 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 4 février 2009, relative à un tableau de Charles-Joseph Natoire, Don Quichotte déshabillé par les Demoiselles de la Duchesse, carton de tapisserie de la 7e scène de L'Histoire de Don Quichotte, huile sur toile, vers 1742 ;
La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 19 mai 2009,
Après en avoir délibéré ;
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé constitue une œuvre remarquable du peintre Charles-Joseph Natoire (1700-1777), qui, malgré un rapide oubli après sa mort, n'en reste pas moins un des peintres les plus talentueux du xviiie siècle français, considéré de son vivant comme l'égal de François Boucher ; que cette composition appartient à une série de dix toiles monumentales sur L'Histoire de Don Quichotte, peintes entre 1735 et 1744, à l'époque où Natoire conçoit le célèbre cycle de L'Histoire de Psyché exécuté pour l'Hôtel de Soubise et s'impose dans le milieu artistique parisien ; que cet important tableau est issu d'un ensemble décoratif prestigieux et bien documenté, devant servir de cartons pour l'exécution d'une tenture à la manufacture de Beauvais, dont le commanditaire, le fermier général Pierre Grimod Dufort, comte d'Orsay, souhaitait la réalisation d'un tissage unique, à l'instar d'un roi de France, assorti d'un choix d'épisodes mineurs du roman, manifestant ainsi un souci d'érudition ; que cette œuvre, illustrant la 7e scène de Don Quichotte et le traitement du récit sur le mode héroïque, s'avère représentative, par le style léger, le coloris vénitien et le goût pour les détails, de l'art de décorateur et de paysagiste de Natoire et constitue le seul carton retenu par le peintre pour le Salon de 1742 ; qu'après avoir subi les saisies révolutionnaires, les cartons restants de cette tenture ont été rassemblés au milieu du xixe siècle au château de Compiègne, en parallèle à la série sur le même thème mais d'esprit différent réalisée par Charles-Antoine Coypel, et ont ensuite fait l'objet d'une présentation à partir de 1859 dans une nouvelle galerie construite à cet effet ; que la réapparition récente de cette peinture, demeurée non localisée depuis environ 1810 et connue seulement par sa traduction en tapisserie, offre l'opportunité rare de permettre de compléter les dernières lacunes de la série toujours conservée à Compiègne ;
Qu'en conséquence cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considéré comme un trésor national,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.