Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 4 janvier 2017, relative à une paire de tableaux de Jean-Honoré FRAGONARD, Le jeu de la palette/La bascule, huiles sur toile, vers 1760-1765
La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 19 avril 2017 ;
Après en avoir délibéré ;
Considérant que les biens pour lesquels le certificat d'exportation est demandé forment une remarquable paire de tableaux réalisés probablement après son retour de Rome en 1761 par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), un des peintres français majeurs du XVIIIe siècle, qui s'est adonné avec talent aux différents genres de peintures de son époque ; qu'il s'agit de scènes de genre avec une dimension galante, inscrites dans un décor monumental de nature et d'architecture, singulières dans l'œuvre de Fragonard, qui a rarement adopté un format d'une telle ampleur pour ses peintures de paysage avant les œuvres décoratives des années 1770 ; que ces peintures, fortement empreintes d'une inspiration italienne par leur style libre, leur chromatisme affirmé et leur iconographie, tout en restant marquées par la peinture hollandaise du Siècle d'Or, soulignent la place importante du paysage dans l'œuvre de Fragonard et son rôle dans le développement de la représentation de la nature pour elle-même ; que ces compositions ambitieuses révèlent une importante maîtrise picturale, alliée à une grande vitesse d'exécution ; que les analyses scientifiques, auxquelles les toiles ont été soumises, ont démontré une réalisation du point de vue technique conforme à la seconde moitié du XVIIIe siècle et la présence d'une double couche de préparation rouge et grise, similaire à celle utilisée par Fragonard entre son retour en France en 1761 et son passage aux préparations blanches ou claires vers 1780 ; qu'identifiées dans le catalogue de la vente après décès de la collection de l'amateur et soutien de Fragonard, Pierre-Jacques-Onésyme Bergeret de Grandcourt (1715-1785), à Paris, en avril 1786, sous le n° 107, ces peintures, dont on avait perdu la trace depuis lors, n'étaient plus connues que par deux sanguines conservées au Musée Städel de Francfort, datant du début des années 1760, et pour le Le jeu de la palette, par une version autographe de format différent, conservée à Chambéry ; que ces deux toiles, depuis longtemps recherchées et récemment réapparues, par leur caractère unique, représentent un précieux chaînon manquant entre Le Petit Parc, vers 1760-1763, et La Fête à Saint-Cloud, 1775-1780, et constituent un complément déterminant dans la connaissance de l'œuvre de Fragonard ;
Qu'en conséquence, ces œuvres présentent un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doivent être considérées comme des trésors nationaux,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.
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