JORF n°0301 du 28 décembre 2016

Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,
Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;
Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 8 novembre 2016, relative à un feuillet dessiné de Léonard de VINCI, Etude pour un saint Sébastien, pierre noire, plume et encre brune sur papier, au verso : Expérience d'optique sur la gradation des ombres et des lumières et Quatre lignes de texte en écriture spéculaire, plume et encre brune sur papier ;
La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 14 décembre 2016 ;
Après en avoir délibéré ;
Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable feuille dessinée au recto et au verso, probablement à des dates différentes, et récemment redécouverte, de Léonard de Vinci (1452-1519) ; que le dessin du recto constitue une étude pour un saint Sébastien, dépeint comme un martyr à l'expressivité tourmentée, attaché au tronc d'un arbre, dont les torsions du corps, à la puissance sculpturale, épousent les formes, ce qui a longtemps accrédité une attribution à Michel-Ange ; qu'en réalité il fait sans doute partie des huit œuvres que Léonard de Vinci a lui-même recensées, sous l'intitulé 8 san Bastiani, au folio 888 recto du Codex atlanticus de la bibliothèque Ambrosienne de Milan ; que le dessin faisant l'objet de la demande de certificat est semblable, par le personnage représenté, aux dessins conservés aux musées de Bayonne et de Hambourg, qui constituent très vraisemblablement les premières phases de la conception de cette figure, dont cette feuille inédite constitue le développement ultime du point de vue de la construction et de la composition, avec positionnement du corps sur une hauteur, au bord d'un précipice, avec un paysage esquissé en arrière-plan et apparenté à ceux présents dans les peintures de Léonard de Vinci ; qu'en outre les analyses scientifiques ont démontré que la structure du papier était identique à celui de Hambourg et que les deux dessins pourraient provenir de la même feuille ; que le verso présente, également de manière analogue à celui de la feuille du musée de Hambourg, quatre lignes de texte en écriture inversée ainsi que, en double exemplaire et sous une forme fragmentaire, la description d'une expérience d'optique, correspondant apparemment au premier état de sa transcription, dont le Manuscrit C de l'Institut de France présente la mise au net ; que le saint Sébastien semble avoir été conçu autour des années 1480, à la fin de la période de jeunesse de Léonard de Vinci à Florence et au début de son installation à Milan, tandis que les expériences sur la lumière du verso supposent une étude de la géométrie, que Léonard de Vinci n'a menée qu'à partir de la première parution à Venise, en 1494, de la Summa du frère Luca Pacioli et de sa rencontre avec le mathématicien en 1496, ce qui implique une date de réalisation postérieure, peut-être d'une vingtaine d'années, à celle du recto ; que ce rare feuillet qui vient de réapparaître, d'une facture magistrale, constitue un précieux témoignage du génie de Léonard de Vinci, qu'il apparaît essentiel de maintenir sur le territoire national ;
Qu'en conséquence cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national,
Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.


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Version 1

Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,

Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;

Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 8 novembre 2016, relative à un feuillet dessiné de Léonard de VINCI, Etude pour un saint Sébastien, pierre noire, plume et encre brune sur papier, au verso : Expérience d'optique sur la gradation des ombres et des lumières et Quatre lignes de texte en écriture spéculaire, plume et encre brune sur papier ;

La Commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 14 décembre 2016 ;

Après en avoir délibéré ;

Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une remarquable feuille dessinée au recto et au verso, probablement à des dates différentes, et récemment redécouverte, de Léonard de Vinci (1452-1519) ; que le dessin du recto constitue une étude pour un saint Sébastien, dépeint comme un martyr à l'expressivité tourmentée, attaché au tronc d'un arbre, dont les torsions du corps, à la puissance sculpturale, épousent les formes, ce qui a longtemps accrédité une attribution à Michel-Ange ; qu'en réalité il fait sans doute partie des huit œuvres que Léonard de Vinci a lui-même recensées, sous l'intitulé 8 san Bastiani, au folio 888 recto du Codex atlanticus de la bibliothèque Ambrosienne de Milan ; que le dessin faisant l'objet de la demande de certificat est semblable, par le personnage représenté, aux dessins conservés aux musées de Bayonne et de Hambourg, qui constituent très vraisemblablement les premières phases de la conception de cette figure, dont cette feuille inédite constitue le développement ultime du point de vue de la construction et de la composition, avec positionnement du corps sur une hauteur, au bord d'un précipice, avec un paysage esquissé en arrière-plan et apparenté à ceux présents dans les peintures de Léonard de Vinci ; qu'en outre les analyses scientifiques ont démontré que la structure du papier était identique à celui de Hambourg et que les deux dessins pourraient provenir de la même feuille ; que le verso présente, également de manière analogue à celui de la feuille du musée de Hambourg, quatre lignes de texte en écriture inversée ainsi que, en double exemplaire et sous une forme fragmentaire, la description d'une expérience d'optique, correspondant apparemment au premier état de sa transcription, dont le Manuscrit C de l'Institut de France présente la mise au net ; que le saint Sébastien semble avoir été conçu autour des années 1480, à la fin de la période de jeunesse de Léonard de Vinci à Florence et au début de son installation à Milan, tandis que les expériences sur la lumière du verso supposent une étude de la géométrie, que Léonard de Vinci n'a menée qu'à partir de la première parution à Venise, en 1494, de la Summa du frère Luca Pacioli et de sa rencontre avec le mathématicien en 1496, ce qui implique une date de réalisation postérieure, peut-être d'une vingtaine d'années, à celle du recto ; que ce rare feuillet qui vient de réapparaître, d'une facture magistrale, constitue un précieux témoignage du génie de Léonard de Vinci, qu'il apparaît essentiel de maintenir sur le territoire national ;

Qu'en conséquence cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national,

Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.