Lors de la sortie des apports des chambres froides de stockage, le bon de livraison est enregistré sur le registre d'apport qui fait office de comptabilité matières.
2. Calibrage, tri et conditionnement des apports :
Sur les calibreuses, l'apport est suivi par une étiquette comportant le numéro de producteur. Chaque plateau est ensuite identifié par le numéro de producteur ou le nom et le numéro de lot. Les plateaux sont ensuite transférés à la pesée.
3. Pesée :
Les plateaux conditionnés et identifiés arrivent par calibre à la pesée.
Les tickets de pesée comportent :
Numéro du ticket de pesée :
A. ― Numéro de producteur :
B. ― Date de pesée = date de sortie frigo :
Espèce : AOC « Figue de Solliès » :
Variété :
Catégorie : 1.
Type de conditionnement (code correspondant) :
Calibre (code correspondant) :
C. ― Nombre de colis :
Poids :
4. Expédition :
La date d'expédition est tamponnée sur chaque plateau. Pour rappel, l'identité de chaque producteur a été inscrite au préalable avant la pesée.
Le bordereau d'expédition est ensuite établi : il s'agit du regroupement des tickets de pesée correspondant à la commande avec attribution d'un numéro de lot.
Enfin, la fiche palette ou le bordereau d'expédition identifient la commande :
Fiche palette :
Numéro de lot (idem numéro bordereau d'expédition) :
Nom du client :
Nombre de colis :
Poids expédié :
Bordereau d'expédition :
Nom du producteur :
Date d'expédition :
Numéro de lot (référencé sur le bon d'entrée) :
Poids expédié :
Toutes les étapes définies ci-dessus permettent d'assurer les traçabilités montantes et descendantes, de la parcelle au plateau livré à la consommation finale.
- Description de la méthode d'obtention
La typicité de la figue de Solliès repose sur des savoir-faire ancestraux. Ces techniques de production répondent aux particularités du figuier et de ses besoins et sont les garantes des spécificités de ce terroir et de la qualité des fruits qui s'y trouvent produits. Les savoir-faire accompagnent tout le cycle du produit, de l'entretien du verger jusqu'au conditionnement via la récolte.
La figue de Solliès est issue de la variété bourjassotte noire.
Plantation : chaque arbre dispose d'une superficie minimale de 25 mètres carrés, cette superficie étant obtenue en multipliant les deux distances interrangs et espacement entre les arbres. La distance minimale entre les arbres est au moins égale à 5 mètres.
Le bénéfice de l'appellation ne peut être accordé qu'aux figues provenant de jeunes arbres à partir de la troisième année suivant celle au cours de laquelle la plantation a été réalisée en place avant le 31 mars.
Les vergers sont des vergers piétons. Les arbres sont formés en gobelet multicharpentière par rabattage du scion à la plantation. Une taille de fructification annuelle permettant un développement privilégié du bois de l'année est obligatoire à partir de l'année d'entrée en production. Les bois de taille sont éliminés des vergers soit par broyage, soit par enlèvement, avant le 1er mai.
Les vergers sont entretenus annuellement, l'enherbement est maîtrisé.
Les figues sont récoltées du 15 août au 15 novembre. Les figues sont cueillies directement sur l'arbre, à la main.
Les figues sont récoltées à bonne maturité. Est considérée à bonne maturité une récolte constituée d'au moins 80 % de figues de coloration C2 à C7 en référence au code couleur officiel « Figue de Solliès » édité par le centre interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL).
Les figues sont récoltées et transportées du verger au lieu de stockage dans des caisses ajourées dont la contenance ne peut être supérieure à 20 kilogrammes.
Le délai entre la cueillette et l'expédition après conditionnement n'excède pas cinq jours.
Durant ce délai, les figues sont stockées, sans avoir subi de transvasement, à une température ne dépassant pas 8 degrés Celsius afin de ne pas subir les effets néfastes de la chaleur.
Les figues sont triées et calibrées.
Après tri, les figues conditionnées sont exemptes de piqûres d'insecte et de taches, non éclatées, à l'épiderme non déchiré et de coloration C2 à C7 en référence au code couleur CTIFL susmentionné. Elles présentent une teneur en sucre supérieure ou égale à 14 degrés Brix.
Le conditionnement et la commercialisation s'effectuent en plateau d'un rang, ou en barquette dont la contenance ne peut être supérieure à 1 kilogramme.
Les lots mis en vente contiennent des fruits de calibre et de coloration homogènes.
Le conditionnement a lieu obligatoirement dans l'aire géographique en raison de la fragilité du produit et de manière à préserver la qualité et les caractéristiques de l'appellation. En effet, la figue, d'une manière générale, est un fruit qui supporte mal les transports et les chocs éventuels. C'est pourquoi il doit être manipulé le moins possible et être conditionné très rapidement dans des contenants évitant tout risque d'écrasement (plateau d'un rang ou barquette de 1 kg maximum). Par ailleurs, cette contrainte impose de conditionner les figues sitôt triées, donc sur le lieu même où s'effectue ce tri, étape faisant justement appel au savoir-faire des producteurs de l'aire géographique.
- Eléments justifiant le lien
avec le milieu géographique
6.1. Spécificités de l'aire - Antériorité de la production et historique
Présente dès l'Antiquité, la figue s'est développée sur l'ensemble du pourtour méditerranéen. Au Moyen Age, la région marseillaise assurait une grande partie de la production française. Les nouveaux modes d'échange et surtout l'extension de la ville conduisirent peu à peu cette production à disparaître. Les lieux de production se sont donc davantage tournés vers l'est de la Provence et ont trouvé dans le bassin de Solliès des conditions idéales pour leur développement.
« Au temps de Champier (année 1560), la France n'avait que quatre espèces de figues : les rouges, les pourpres, les blanches et les noires. Ces deux dernières étaient les plus multipliées, mais en Provence on regardait les noires comme plus saines et plus agréables [...]. Les espèces les plus recherchées étant l'aubicon, la quoitidiane, la blanquette, la blavette et la bourjassotte (devenue quelques siècles plus tard la "figue de Solliès”)... » (1)
« De nos jours, les plantations se trouvent dans la vallée du Gapeau, au nord d'Hyères. Mais ces contrées d'Ollioules, et ce jusqu'à Antibes, produisaient déjà au temps d'Henri IV et de Sully de nombreuses variétés, différentes de la marseillaise. C'était principalement des noires qui étaient en concurrence avec la petite verte. La seule patrie varoise mériterait un volume à part entière réunissant les variétés inombrables dont les agriculteurs du xixe siècle ont largement contribué au recensement. Il y a là une tradition qui conforte les propriétaires contemporains. » (2)
Au tout début du xixe siècle, M. Fauche, préfet du Var, établit la liste des variétés présentes dans le Var. La barnissotte (synonyme de la bourjassotte) ainsi que la marseillaise s'y trouvent citées.
Cependant, M. le préfet indique, en 1805, qu'« on rendrait cette culture plus avantageuse en ne multipliant que les variétés les plus recherchées » (3).
A cette époque, la figue n'est alors pas cultivée dans une optique de commercialisation. Ce fruit est essentiellement l'objet d'une consommation locale. Son importance est donc capitale dans les modes d'alimentation de l'époque. Les conditions climatiques de l'année 1853 furent particulièrement défavorables à la culture du figuier dans les vergers de Solliès et eurent des conséquences déplorables pour la population du canton.
D'autres éléments attestent de l'importance de ce fruit au niveau local, comme en témoignent des délibérations des conseils municipaux des communes de Solliès-Pont et de Solliès-Toucas au milieu du xixe siècle.
Dès la fin du xixe siècle, le bassin de Solliès est décrit comme le « véritable jardin de la Provence » (4). En 1903, le canton de Solliès produit près de 1 100 tonnes de figues (5). Les relevés de statistiques nous indiquent que les tonnages de figues sèches sont très minoritaires, de l'ordre de 45 tonnes produites dans le canton. Cependant, la culture de la figue n'est pas à cette époque la culture dominante. Elle est de très loin distancée par la production de cerises et d'olives.
Selon le géographe Roger Livet, il semble qu'il ait fallu attendre la fin du xixe siècle, pour que l'agriculture locale, profitant des liaisons ferroviaires et répondant aux demandes de la clientèle française puis étrangère, s'oriente vers le système de culture actuel (6). Cet auteur constate, par ailleurs, que le secteur offre des atouts indéniables en matière de climat et d'approvisionnement en eau. Les retenues du Gapeau, dont certaines datent du Moyen Age, permettaient d'irriguer des jardins et des prairies. Cette situation de pays de primeurs, combinant climat favorable, eau et terrains d'alluvions, a été renforcée par le développement des moyens de communication, notamment ferroviaires.
Dans les années 1905-1910, les livres d'expédition nous indiquent les tonnages de figues acheminés vers la capitale par chemin de fer. En 1907, la gare de Solliès-Pont expédiait quotidiennement 18 000 kg de figues en pleine saison. Dès 1913, 470 tonnes de figues fraîches partaient vers Paris (7). L'existence d'une telle demande et de l'expédition de figues sur Paris valut à la figue de Solliès le surnom encore employé parfois de nos jours de « Parisienne ». Les systèmes de commercialisation du fruit se sont organisés dans un premier temps selon la méthode du groupage sur place et du dégroupage aux halles de Paris, Lyon et Marseille, puis à Rungis, pour le marché national et l'export.
Les statistiques de 1932 témoignent de ce basculement vers la spécialisation de la culture de la figue. La production de figues atteint 1 260 tonnes tandis que la cerise est passée sous la barre des 1 000 tonnes. Depuis le début du siècle, le développement va sans cesse croissant pour devenir la culture phare du bassin de Solliès, où elle peut exprimer pleinement ses qualités gustatives et sa typicité.
A partir du milieu des années 1950, des vergers composés uniquement de figuiers se développent. Ces derniers sont dès lors entretenus de manière à assurer une cueillette piétonnière, moins contraignante. Auparavant, les figues étaient récoltées sur des arbres de haute taille à l'aide d'échelles.
Si certains territoires de production agricole sont très spécialisés depuis de nombreuses années, comme les Maures avec la châtaigne, la récolte de figues devient véritablement la production emblématique du secteur à partir des années 1960. A compter de cette date, le bassin de Solliès devient le centre unique de production de figues dans le Var.
| EN 1960 | VAR |BASSIN DE SOLLIÈS| |-------------------------|------|-----------------| |Total de fruits en tonnes|16 540| 4 160 | | Tonnage de figues |1 600 | 1 600 |
Source : Institut de recherche économique et sociale Aix-Marseille, Les fleurs, les fruits, les légumes dans le Var (septembre 1961).
Parallèlement, la filière se structure. Une quinzaine d'agriculteurs crée la COPSOLFRUIT en 1961, unique coopérative fruitière de figues à ce jour dans le bassin de Solliès. La mise en marché, se faisant toujours par le biais des marchés locaux et des halles, se développe en direction des grandes surfaces dès le début des années 1970.
« La production annuelle en figues fraîches est d'environ 2 000 à 2 500 tonnes, une partie de cette production est expédiée sur les grands centres (Paris, Saint-Etienne, etc.) mais des débouchés à l'exportation ont été trouvés sur l'Angleterre, la Belgique, la Hollande, le Danemark [...]. La culture du figuier se développe (surtout depuis l'installation d'arboriculteurs d'Afrique du Nord) dans la région de Solliès, au fur et à mesure que des débouchés nouveaux sont trouvés. » (8)
Dans le même temps, le verger de cerisiers, dominant naguère, n'a pas suivi les évolutions variétales et culturales pratiquées dans d'autres régions fruitières de France. Pour des questions de rentabilité, des produits tels que la pêche ou la cerise ont peu à peu été abandonnés au profit de la figue, qui conforta son développement dans le bassin de Solliès. Dans le milieu des années 1980, les producteurs renouvellent régulièrement leurs plantations afin de maintenir une production annuelle de 2 000 tonnes, et cela en dépit des années de gel et de sécheresse. Au début des années 1990, les camions frigorifiques ont remplacé définitivement le chemin de fer. Dans ces mêmes années, la notoriété de la figue de Solliès se renforce auprès des consommateurs français et étrangers en raison des efforts portés sur la qualité du produit et de l'information des producteurs. En 1996, la création du Syndicat de défense de la figue de Solliès est la preuve supplémentaire qu'il existe bel et bien un terroir spécifique dans le bassin de Solliès, garant de l'originalité et l'authenticité de la figue de Solliès et que ce fruit suscite une motivation et un dynamisme légitime chez les producteurs. Le syndicat va dès lors œuvrer pour valoriser et promouvoir la figue de Solliès, que ce soit pour les particularités uniques de son terroir et pour les savoir-faire ancestraux qui garantissent sa qualité et sa typicité, par l'obtention d'une AOC à partir de 2000.
(1) Ibidem, page 204. (2) Clément Serguier, Pour un panier de figues (1992), page 82. (3) Statistique générale de la France - département du Var (1805), par M. Fauche, préfet, page 223. (4) Le Goubet, indicateur du Var, annuaire du département administratif, commercial et agricole (1896). Journal Le Petit Marseillais, édition du 14 août 1898. (5) Statistique agricole du département du Var (1903). (6) Livet R., Habitat rural et structures agraires en Basse Provence (1962). (7) Bulletin mensuel des syndicats agricoles Alpes et Provence (juin 1914). (8) Ministère de l'agriculture, service de la protection des végétaux, Mise au point d'une méthode pour la lutte contre la mouche noire du figuier (1969-1970).
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