Saisie par le ministre de la culture et de la communication, en application de l'article R. 111-11 du code du patrimoine,

Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2, L. 111-4 et R. 111-11 ;

Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 24 janvier 2011, relative à un diptyque : Nativité, Crucifixion et prophètes, ivoire, Constantinople (?), xiiie siècle ;

La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 18 mai 2011,

Après en avoir délibéré ;

Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé constitue un diptyque médiéval en ivoire sculpté, remarquable par sa taille importante et son iconographie ; que cette pièce est ornée dans sa partie supérieure d'une représentation de la Nativité avec les éléments principaux de l'iconographie byzantine et de la Crucifixion encadrée par les paroles du Christ sur la croix, associée, sur trois registres inférieurs, à dix-huit figures de prophètes ; que ses caractéristiques communes de dimensions, de forme et de décor des revers le rattachent à deux autres ivoires connus, l'un conservé au trésor de la cathédrale de Chambéry, l'autre au Musée national de Varsovie, et permettent de penser que les ivoires identifiés comme appartenant à ce groupe proviennent d'un même atelier relevant de la sphère byzantine, que l'artiste qui l'a exécuté se distingue par sa recherche de monumentalité et la présence de caractères inédits, tels que la flamme divine placée auprès d'Isaïe ; que les références antiquisantes et la force plastique des reliefs, inspirés de modèles des ve et vie siècles revisités, autorisent une datation du xiiie siècle et une provenance de Méditerranée orientale, à une époque où l'ivoire y circule à nouveau ; qu'il s'agit d'un jalon essentiel dans les mutations de l'art byzantin du XIIIe siècle, qui, tout en révélant des traits stylistiques introduits à Constantinople avec l'occupation latine, préfigure le renouveau artistique de la capitale byzantine sous la dynastie des Paléologues ;

Qu'en conséquence, cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national,

Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.

Pour la commission :

Le président,

E. Honorat