Saisie par la ministre de la culture et de la communication, en application de l'article 7 du décret n° 93-124 du 29 janvier 1993 modifié relatif aux biens culturels soumis à certaines restrictions de circulation,

Vu le code du patrimoine, notamment ses articles L. 111-2 et L. 111-4 ;

Vu le décret n° 93-124 du 29 janvier 1993 modifié relatif aux biens culturels soumis à certaines restrictions de circulation, notamment son article 7 ;

Vu la demande de certificat d'exportation déposée le 23 octobre 2008 relative à une Tapisserie avec deux anges tenant une couronne, laine et soie, France, milieu du xve siècle ;

La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 19 novembre 2008,

Après en avoir délibéré ;

Considérant que le bien pour lequel le certificat d'exportation est demandé est une exceptionnelle tapisserie, probablement créée au milieu du xve siècle, jamais répertoriée, ni publiée jusqu'à ce jour ; que sa provenance est très vraisemblablement royale, ainsi que tend à l'attester l'utilisation de certains motifs, tels que les soleils d'or sur fond rouge, la couronne surmontée de fleurs de lys et les vêtements fleurdelisés des anges, emblèmes de la royauté française au xve siècle, notamment sous le règne de Charles VII ; que la composition magistrale du carton, sa force, sa sobriété et la précision de son dessin conduisent à attribuer cette œuvre à un auteur de grand talent, de formation flamande, actif dans l'entourage royal, et notamment à la rapprocher de celles du maître anonyme de la verrière de l'Annonciation de la cathédrale de Bourges ; que le format de cette œuvre, probablement demeurée dans sa disposition initiale, semble indiquer qu'elle faisait partie du dosseret d'un dais surmontant le trône royal, utilisée seulement pour des occasions solennelles et affirmant symboliquement par son iconographie l'essence divine de la royauté dans le contexte difficile de la fin de la guerre de Cent Ans ; que le tissage extrêmement fin, permettant le raffinement du détail des figures, témoigne de la perfection technique atteinte par les meilleurs lissiers dans les années 1450-1460, dont très peu d'exemples de leur production ont subsisté ; que l'état de conservation de cette œuvre, qui n'a apparemment connu que de légères restaurations, est remarquable et les couleurs, notamment le rouge, très souvent affadi par le temps, ont gardé une fraîcheur unique pour une création textile de cette époque ; que cette pièce rare, restée inédite et sans équivalent connu, revêt un intérêt capital pour l'histoire de la tapisserie et de la représentation du pouvoir royal en France ;

Qu'en conséquence cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l'histoire et de l'art et doit être considérée comme un trésor national,

Emet un avis favorable au refus du certificat d'exportation demandé.

Pour la commission :

Le président,

E. Honorat