La ministre de la culture informe les entreprises imposées à l'impôt sur les sociétés d'après leur bénéfice réel qu'elles peuvent bénéficier de la réduction d'impôt sur les sociétés prévue à l'article 238 bis-0 A du code général des impôts égale à 90 % des versements qu'elles pourraient effectuer, dans la limite de 50 % de l'impôt dû au titre de l'exercice considéré, en participant à l'acquisition par l'Etat, pour l'Etablissement public du musée du Louvre, d'un tableau de Jean Siméon Chardin, Le panier de fraises des bois, 1761, huile sur toile, 38 × 46 cm, signé en bas à gauche « Chardin ».
Ce précieux tableau fut réalisé au faîte de la carrière de Jean Siméon Chardin (1699-1779), un des peintres les plus célèbres du xviiie siècle qui a contribué à préfigurer l'évolution de la hiérarchie des genres picturaux prévalant à son époque par la qualité de ses natures mortes et scènes de genre. Présentée au Salon de 1761, cette nature morte magistrale et minimaliste offre, dans une gamme chromatique restreinte et avec une économie de moyens, une scène intemporelle et dépouillée. Elle traduit le dépassement d'un simple arrangement de formes géométriques dans lequel le peintre s'est surtout attaché aux effets de transparence et de lumière, de matière et d'atmosphère. Par son caractère unique dans la production de Chardin, elle atteste également de son importance singulière, formant la seule connue où les fraises constituent le sujet principal, écho à des prédécesseurs hollandais et français du siècle précédent. Partie de la collection d'Eudoxe Marcille (1814-1890) et louée par les frères Goncourt, cette œuvre iconique est représentative de la modernité d'un artiste dont les natures mortes annoncent celles de Manet et de Fantin-Latour et qui servit de référence explicite à une grande partie des peintres importants du xxe siècle, de Cézanne à Morandi. En tant que jalon incontournable dans l'histoire des natures mortes de la peinture occidentale, Le panier de fraises des bois, qui constitue un trait d'union sans équivalent entre l'héritage hollandais transcendé par Chardin et les mouvements artistiques précurseurs de la fin du xixe siècle et du xxe siècle, quintessence ultime de l'art de ce peintre majeur, a ainsi vocation à rejoindre les collections publiques nationales.
Le présent avis d'appel au mécénat d'entreprise porte sur 16 350 000 euros.
Il se substitue à l'avis (NOR : MICC2330347V), publié au Journal officiel de la République française le 19 novembre 2023.
Les offres de versement, établies selon le modèle prévu par l'instruction de la direction générale des impôts 4-C-6-02 n° 184 du 24 octobre 2002, doivent être adressées à la direction générale des patrimoines et de l'architecture, service des musées de France, 182, rue Saint-Honoré, 75001 Paris, où les dossiers relatifs aux trésors nationaux et œuvres présentant un intérêt majeur pour le patrimoine national peuvent être consultés par les entreprises intéressées.