Le ministre de la culture informe les entreprises imposées à l'impôt sur les sociétés d'après leur bénéfice réel qu'elles peuvent bénéficier de la réduction d'impôt sur les sociétés prévue à l'article 238 bis-0 A du code général des impôts égale à 90 % des versements qu'elles pourraient effectuer, dans la limite de 50 % de l'impôt dû au titre de l'exercice considéré, en participant à l'acquisition par l'Etat d'une peinture d'Henri Matisse, Katia en robe jaune, signée, datée « H Matisse 51 », H. : 82 cm ; L. : 61 cm.
Il s'agit sans doute de la dernière toile peinte par l'artiste, représentant un modèle d'origine suisse, de son vrai nom, Carmen Leschennes, qui lui inspire notamment de nombreux dessins à partir de leur rencontre en 1949. La seconde guerre mondiale, et peut-être davantage la très grave opération subie à Lyon en 1941, marquent une césure importante dans l'œuvre d'Henri Matisse qui, se sentant gratifié d'une seconde vie, invente le nouveau procédé des gouaches découpées dans la couleur. En décembre 1951, alors qu'il a cessé de peindre depuis trois ans, Henri Matisse livre une œuvre ultime, aboutissement de son « éternel conflit entre le dessin et la couleur » et de la tension dialectique qui parcourt toute son œuvre. Impressionné par la stature monumentale de son modèle, l'artiste cherche à exprimer l'élan vital qui l'habite. Katia, ainsi qu'il préfère l'appeler, est privée de toute individualité. Parce qu'ainsi « l'expression porte dans tout le tableau » et « l'imagination est délivrée de toute limite », selon les propres déclarations de Matisse, les traits du visage, laissé vide, sont gommés. Légèrement décentrée, comme si elle cherchait à échapper au regard du spectateur, Katia rayonne comme un astre solaire qui se détache sur fond bleu. Dans sa proximité avec les icônes byzantines, elle ressemble à une idole. Le lexique formel de Matisse n'a jamais été aussi dépouillé laissant place au pouvoir décoratif de la couleur et à l'immense liberté du dessin.
L'acquisition d'une des dernières peintures de cet artiste majeur du xxe siècle, dont le caractère exceptionnel explique la lecture abstraite de son œuvre par de nombreux artistes après la seconde guerre mondiale, constituerait un enrichissement majeur des collections publiques.
Sa valeur d'achat est fixée à 4 800 000 euros.
Les offres de versement, établies selon le modèle prévu par l'instruction de la direction générale des impôts 4-C-6-02 n° 184 du 24 octobre 2002, doivent être adressées à la direction générale des patrimoines, service des musées de France, 6, rue des Pyramides, 75041 Paris Cedex 01, où les dossiers relatifs aux trésors nationaux et œuvres présentant un intérêt majeur pour le patrimoine national peuvent être consultés par les entreprises intéressées.
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