JORF n°0136 du 13 juin 2025

Décret du 12 juin 2025

Le Président de la République,

Sur le rapport du Premier ministre et du ministre de l'État, ministre de l'intérieur,

Vu la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, notamment ses articles 10 et 11 ;

Vu le code des relations entre le public et l'administration, notamment ses articles L. 121-1 et L. 121-2 ;

Vu le code de la sécurité intérieure, notamment les 1°, 5° et 6° de l'article L. 212-1 et l'article L. 212-1-1 ;

Vu le courrier du 28 avril 2025, notifié par voie administrative, le 29 avril 2025, par lequel M. A, dirigeant du groupement de fait « Lyon Populaire » a été, d'une part, informé de l'intention du Gouvernement de procéder à la dissolution de ce groupement de fait et, d'autre part, invité à présenter ses observations dans un délai de dix jours à compter de cette notification ;

Vu les observations écrites, reçues par courriel le 8 mai 2025 ;

Considérant qu'aux termes de l'article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure : « Sont dissous, par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait : […] 1° Qui provoquent à des manifestations armées ou à des agissements violents à l'encontre des personnes ou des biens ; […] 5° Ou qui ont pour but soit de rassembler des individus ayant fait l'objet de condamnation du chef de collaboration avec l'ennemi, soit d'exalter cette collaboration ; 6° Ou qui, soit provoquent à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée, soit propagent des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence. […]. » ;

Considérant que le groupement « Lyon Populaire » a été créé en septembre 2019 à la suite de la dissolution de l'association Bastion social et se présente comme une « communauté militante, solidaire et enracinée, […] qui milite au niveau local pour retrouver sa souveraineté, défendre son identité et faire triompher la justice sociale » ; que « Lyon Populaire » constitue un groupement de fait qui s'identifie par sa structure hiérarchisée, son logo, une tête de lion rouge cerclée de bleu sur fond blanc, sa devise « vivre en travaillant ou mourir en combattant » ainsi que ses réseaux sociaux ; qu'il dispose également d'une section jeune nommée « Jeunesse Lyon Populaire », créée en avril 2024 et qui utilise les mêmes moyens de communication que « Lyon Populaire » pour diffuser les mêmes idées ; que les différents comptes des réseaux sociaux de « Lyon Populaire » et de « Jeunesse Lyon Populaire » sont étroitement imbriqués ; que l'ensemble de ces éléments permet d'établir l'existence d'un seul groupement de fait au sens de l'article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure, comprenant une section jeune « Jeunesse Lyon Populaire » ;

Considérant que, au-delà de son objet de « défense de son identité locale », « Lyon Populaire » diffuse en réalité, notamment par ses réseaux sociaux, une idéologie qui provoque à des agissements violents, exalte la collaboration avec l'Allemagne nazie et propage des idées tendant à justifier ou encourager un discours discriminatoire et haineux envers les personnes immigrées, les juifs et les personnes homosexuelles ;

Considérant en premier lieu, que le groupement de fait « Lyon Populaire » provoque à des agissements violents contre les personnes ;

Considérant d'une part, que le groupement présente la violence comme nécessaire face à la prétendue défaillance de l'Etat, en alimentant une « culture de l'affrontement » pour notamment se « défendre contre les antifas » et les étrangers ; que pour exalter ses militants à se battre, le groupement emploie régulièrement un vocabulaire guerrier que l'on retrouve dès sa devise « Vivre en travaillant ou mourir en combattant » et omniprésent dans sa communication ; qu'il utilise des citations d'individus faisant référence à la guerre et recommande également la lecture d'ouvrages à connotation guerrière tel que « La métaphysique de la guerre » de Julius EVOLA qui évoque les croisades ou d'auteurs qui font référence à la guerre tels que Léon DEGRELLE évoquant le « […] notre combat » ou Jean-Eudes GANNAT qui parle de « lutte à mort », ou encore Jacques DORIOT qui appelle le peuple « à se lever pour combattre » ; que dans le cadre d'un reportage publié le 19 décembre 2023 sur le site de France Inter, son dirigeant de fait, M. A a légitimé la violence pour « assurer [notre] défense là où les services publics sont totalement absents » en estimant que « les institutions judiciaires et policières sont aujourd'hui à terre » ;

Considérant, d'autre part, que dans ses nombreuses publications sur les réseaux sociaux et dans ses mots d'ordre ou slogans, le groupement provoque explicitement à des agissements violents, notamment contre ceux perçus comme une menace pour « l'identité locale » ; qu'ainsi, le 6 juillet 2023, « Lyon Populaire a relayé une citation de M. B, ancien leader de l'Alvarium, groupe dissous par décret le 17 novembre 2021 : « Nous irons jusqu'au bout parce que nous savons qu'entre eux et nous c'est une lutte à mort. Et que cette lutte à mort nous rend joyeux. » ; que sur le réseau X, le 14 mai 2024, « Lyon Populaire » a reposté une publication du GUD Paris, dissous par décret du 26 juin 2024, d'une photo d'un homme portant un tee-shirt avec l'inscription suivante : « au fusil, au couteau, nous imposerons l'ordre nouveau » ; que le 6 octobre 2024, le groupement a publié sur Telegram et Instagram ainsi que sur la page Instagram de sa section « Jeunesse Lyon Populaire », des images d'une action de déambulation réalisée la veille pour dénoncer « les conséquences dramatiques de l'immigration extra-européenne » faisant apparaitre, notamment, une banderole libellée « La corde pour les assassins de mon peuple » ; que sur le réseau social Facebook et en faisant référence à la même action, « Lyon Populaire » a publié une vidéo dans laquelle on observe un militant, de dos, portant un sweatshirt sur lequel est inscrit « para bellum », formule latine signifiant « prépare la guerre » ; qu'enfin, le 5 janvier 2025, sur X, « Lyon Populaire » a publié un texte sur la justice sociale en appelant à « rendre aux français méprisés leur dignité ! », cette publication ayant généré un commentaire non modéré appelant explicitement au meurtre des « bourgeois » : « Soutien critique à Lyon pop. Pas de révolution nationale sans justice sociale pour les nôtres. Le peuple aux abois, tuons le bourgeois. » ;

Considérant que ces provocations à la violence sont suivies d'effets puisque le dirigeant de « Lyon Populaire » et plusieurs autres militants du groupement ont été impliqués dans de nombreux faits de violence ; qu'à titre d'illustration, trois membres de « Lyon Populaire », ont été interpellés puis condamnés pour participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations leur participation, à raison de l'expédition punitive menée dans le quartier sensible de la Monnaie à Romans-sur-Isère (26), au cours du week-end du 25 et 26 novembre 2023, qui visait à se confronter physiquement aux populations « ennemies » jugées responsables de la mort de M. Thomas PEROTTO ; que le 22 septembre 2022, un jeune homme a été violenté à la sortie de son lycée à Lyon par un groupe de six individus, dont le dirigeant de « Lyon Populaire », se présentant verbalement comme étant les « FAF de Lyon » ; que le 11 novembre 2023 à Lyon, entre quarante et cinquante militants de l'ultra-droite cagoulés ou dissimulant leur visage sous des capuches, armés de bâtons, de béquilles ou de mortiers, parmi lesquels des membres de « Lyon Populaire », se sont rendus en direction du local associatif « La Maison des Passages » et ont pris à partie des militants de l'ultra-gauche sécurisant une conférence portant sur le thème de la Palestine, provoquant six blessés, action ayant donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire ; que dans la nuit du 5 avril 2025, deux personnes dont au moins une rattachable à « Lyon Populaire » ont été interpellées à la suite de deux actions violentes commises à Lyon, l'une dans un bar contre un individu d'origine maghrébine et l'autre à l'extérieur, contre les occupants d'un véhicule ; que loin de dénoncer les violences commises par ses membres, « Lyon Populaire » les soutient, comme en témoigne la publication du 8 novembre 2023 sur Facebook proposant la vente de tee-shirt en soutien à un membre condamné à une peine de six mois d'emprisonnement ainsi que la publication du 11 avril 2024 sur Instagram, reprise du compte de « Jeunesse Lyon Populaire » qui s'intitule « soutien aux camarades incarcérés » ;

Considérant en deuxième lieu, que le groupement de fait « Lyon Populaire » exalte la collaboration avec l'ennemi ;

Considérant, d'une part, que le groupement anime un cercle de réflexion dénommé « Cercle François Duprat » en hommage à ce théoricien du fascisme et du révisionnisme ; qu'il y présente, encourage à lire et propose à la vente des ouvrages d'auteurs constituant des figures majeures de la collaboration parmi lesquels Charles MAURRAS, Léon DEGRELLE, Jacques DORIOT, Lucien REBATET ou Robert BRASILLACH, ou encore Giulio Cesare Andrea EVOLA, plus connu sous le nom de Julius EVOLA, idéologue italien d'extrême droite dont les ouvrages proposés à la vente sur le site du groupement, relayent des thèses racistes et antisémites ; que ces auteurs sont également mis en avant dans des publications Instagram (du 14 septembre 2024 pour Jacques DORIOT) ou Facebook (du 17 avril 2024 pour Robert BRASILLACH) ou Telegram le 28 août 2023, (extrait de « Notre avant-guerre ») ; que sous couvert de ce cercle de réflexion, le « Cercle François Duprat » diffuse les idées du groupement auprès des membres et notamment des jeunes, des membres de l'ultra droite issus d'autres mouvements y étant régulièrement invités ; que d'autre part, « Lyon Populaire » propose sur ses réseaux sociaux des ventes de tee-shirts à l'effigie de ces mêmes auteurs, ou reprenant certaines de leurs citations ;

Considérant en troisième lieu, que le groupement provoque à la discrimination, à la haine ou à la violence envers des groupes de personnes à raison de leur origine, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée, ou propage des théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence ;

Considérant, d'une part, qu'au delà d'afficher clairement son soutien à des auteurs ou des théories fascistes, révisionnistes ou antisémites, le groupement relaye un discours haineux à l'égard des personnes étrangères, en les présentant comme responsables de la délinquance et en assimilant immigration et insécurité et en alimentant ainsi un sentiment de xénophobie ; qu'il impute systématiquement aux étrangers, rééls ou supposés, les actes de délinquance ou de criminalité, allant jusqu'à les qualifier d'« envahisseurs » et d'« assassins » ; qu'ainsi le groupement a instrumentalisé plusieurs faits divers impliquant des personnes d'origine étrangère pour les exposer à la vindicte lors de manifestations publiques ou sur les réseaux sociaux ; que tel a été le cas lors du rassemblement du 21 octobre 2022 à Lyon en « hommage à Lola » lors duquel a été exhibés une banderole « l'immigration tue », également brandie lors du rassemblement non déclarée du 30 septembre 2024 en hommage à Philippine et qui a donné lieu à une vidéo diffusée par « Jeunesse Lyon Populaire » sur son compte Instagram le 1

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octobre 2024, et des slogans tels que « immigrés assassins, gouvernement complice », « Pour toutes les victimes de l'immigration : Ni oubli, ni pardon » ; que cet amalgame est également fait régulièrement sur ses réseaux sociaux, avec des publications qualifiant l'immigration « d'auxiliaire de mort du peuple français » à propos du meurtre d'un individu par son auxiliaire de vie ou parlant « d'immigration meurtrière », en réaction à l'attaque au couteau dans un parc à Annecy (74) ou affirmant que Philippine a été « violée et assassinée par un individu sous OQTF, d'origine marocaine », post qui a suscité le commentaire non modéré suivant « ses créatures sont infâmes. Cet individu sont le Mal » ou soulignant que Kilian a été « sauvagement égorgé […] par Nasser Bekaddour [un] migrant originaire d'Algérie ; que « Lyon Populaire » a même participé à la production d'un titre musical intitulé « Rentrez chez vous », en lien avec WBS Production et Novelum Carcassonne, qu'il invite à diffuser largement et dont les paroles stigmatisent les étrangers et provoquent à la haine et à la discrimination : « La France est en danger, engage-toi ! Des hordes d'étrangers font couler le sang de nos ainés et celui de nos enfants ! Rentrez chez vous ! Rentrez chez vous ! Rentrez chez vous ! Nous ne voulons pas de vous ! […] Pour les remigrer vers leur continent ! »

Considérant d'autre part que « Lyon Populaire » utilise de nombreux symboles connus pour leur signification néo-nazie ou raciste figurant notamment sur les ouvrages proposés dans le cadre du « Cercle François Duprat », parmi lesquels le symbole de la Garde de fer, trois traits horizontaux et trois traits verticaux juxtaposés, la croix celtique, la rune germanique, symboles figurant dans l'iconographie des mouvements nationalistes et organisations néo-nazies ; que les membres du groupement publient également des photos dans lesquels ils miment le signe de Kühnen et le symbole suprémaciste blanc ; que lors de la troisième édition du forum annuel dédié à « la justice sociale » en mars 2025 annoncée par une campagne d'affichage sauvage avec des symboles apparentés au nazisme, une courte rétrospective, mise en ligne le 12 mars 2025, sur le compte Instagram du groupement, permet de distinguer un individu revêtu d'un tee-shirt portant l'inscription « le cœur noir & les copains blancs » dans une typographie rappelant le sigle « SS » de la Schutzstaffel ;

Considérant, de troisième part, que « Lyon Populaire » provoque également à la haine et à la discrimination à l'encontre des personnes homosexuelles et LGBT, présentées dans des termes à connotation dégradante ; que le 12 juin 2021 à Lyon, certains de leurs membres ont occupé le toit d'un immeuble surplombant la place Bellecour pour protester contre la marche des fiertés, déployant une banderole libellée « LOBBY LGBT ARME DU CAPITAL » ; que le 1

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août 2023, « Lyon Populaire » a publié sur les réseaux sociaux des photos de ses militants attachant trois banderoles dénonçant les « délires du mouvement LGBT » sur un pont de l'autoroute A7 à Feyzin (69) et qu'en commentaire de leur action, les militants ont qualifié de « véritable outil de perversion entretenu par le capital », ajoutant que « le capital et ses sbires qui veulent détruire les familles en martelant l'idéologie LGBT cherchent à détruire le peuple français et même la nature humaine. » ; qu'en réaction à la campagne d'affichage de la métropole de Lyon contre les violences et discrimination LGBTphobes en juin 2023, « Lyon Populaire » a déclaré « votre dégénérescence est totale » et critiqué le fait « d'exhiber des déviants dénudés » ; qu'enfin, dans une publication du 2 août 2023, « Lyon Populaire » a parlé de « délire LGBT » ;

Considérant qu'en dernier lieu, « Lyon Populaire » entretient des liens étroits avec de très nombreux groupuscules ou individus qui défendent une idéologie appelant à la discrimination, à la violence ou à la haine, et dont il se revendique ; que dans un podcast de France inter « le zoom de la rédaction », publié le 19 décembre 2023, M. A, s'est revendiqué de « Bastion social », pourtant dissous par décret du 24 avril 2019 pour provocation à la haine, la violence et la discrimination des individus en raison de leur appartenance ou non-appartenance à la Nation française et est à l'origine de plusieurs actions violentes à caractère raciste ou antisémite ; qu'il entretient des liens avec d'autres collectifs nationalistes locaux, notamment par le biais du « cercle François Duprat » dans lequel il réunit régulièrement de nombreux militants de l'ultra droite française comme en témoigne le forum organisé le 11 mars 2023 au cours duquel étaient invités M. B (leader du groupuscule angevin dissous l'Alvarium) et M. C (cadre des Remparts, dissous par décret du 26 juin 2024), le GUD Paris, dissous par décret du 26 juin 2024, ayant quant à lui tenu un stand à cette occasion ;

Considérant que ces nombreuses prises de position ou publications, mises en ligne sur les comptes officiels du groupement de fait « Lyon Populaire » et sa section jeune « Jeunesse Lyon Populaire », ces mots d'ordre et slogans constituent clairement des provocations à des agissements violents, lesquelles sont très souvent suivies d'effets, exalte la collaboration avec l'ennemi et provoquent à la discrimination et à la haine à raison de la religion, de l'appartenance réelle ou supposée à une Nation ou à une orientation sexuelle ; qu'elles n'ont pas fait l'objet d'une quelconque modération ou condamnation de la part du dirigeant du groupement de fait et sont de nature à attiser la violence, l'antisémitisme et l'islamophobie ;

Considérant qu'au regard de l'ensemble des éléments qui précèdent, il y a lieu de prononcer la dissolution du groupement de fait « Lyon Populaire » et sa section jeune « Jeunesse Lyon Populaire », sur le fondement des 1°, 5° et 6° de l'article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure ;

Le conseil des ministres entendu,

Décrète :

Article 1

Ce texte est une simplification générée par une IA.
Il n'a pas de valeur légale et peut contenir des erreurs.

Dissolution du groupement "Lyon Populaire"

Résumé Le groupe lyonnais appelé "Lyon Populaire" a été officiellement dissous.
Mots-clés : Groupements Dissolutions Lyon

Le groupement de fait « Lyon Populaire » est dissous.

Article 2

Ce texte est une simplification générée par une IA.
Il n'a pas de valeur légale et peut contenir des erreurs.

Application responsable des décrets par les hauts fonctionnaires

Résumé Le Premier ministre et le Ministre d’État chargé de l’intérieur doivent s’assurer que les dispositions prévues par ce décret sont bien appliquées.
Mots-clés : Gouvernement Décret Responsabilité

Le Premier ministre et le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sont responsables, chacun en ce qui le concerne, de l'application du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait le 12 juin 2025.

Emmanuel Macron

Par le Président de la République :

Le Premier ministre,

François Bayrou

Le ministre d'État, ministre de l'intérieur,

Bruno Retailleau