JORF n°0202 du 30 août 2008
Décision du 31 juillet 2008
Par décision du directeur de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en date du 31 juillet 2008 :
Considérant qu'il ressort notamment des dispositions de l'article L. 5122-2 du code de la santé publique que la publicité doit respecter les dispositions de l'autorisation de mise sur le marché et présenter le médicament de manière objective ;
Considérant que le laboratoire THEA a diffusé neuf publicités relatives à la spécialité Geltim ― bloc-notes, fiche signalétique, fiche posologique, annonces presse, panneaux de stand, brochure et aide de visite ;
Considérant que le bloc-notes reprend, sous l'allégation « Nous avons gardé l'essentiel : l'efficacité », les propos d'auteur de la publication Rouland et al. par un renvoi en bas de page qui précise « le Timolol gel semble avoir une meilleure tolérance locale grâce à son véhicule gel et une meilleure tolérance systémique grâce à une faible concentration plasmatique en Timolol ». Que la page suivante du document utilise l'étude Uusitalo et al. pour référencer l'allégation « 90 % de passage systémique en moins versus une solution de Timolol 0, 5 % à 2 gouttes / jour », et la représentation graphique des concentrations plasmatiques de la forme standard à 0, 5 % et de la forme gel à 0, 1 % du Timolol. Que ce graphique illustre une courbe des concentrations plasmatiques de la forme gel située systématiquement en dessous « d'un seuil systémique critique de 200 pg / ml » référencé par Korte et al. et est accompagné de l'assertion suivante « Geltim LP : une concentration inférieure au seuil systémique critique : 200 pg / ml » ;
Considérant que la fiche signalétique, la fiche posologique, les annonces presse et les panneaux de stand reprennent l'allégation « Nous avons gardé l'essentiel : l'efficacité » et les propos d'auteur de la publication Rouland et al ;
Considérant que la brochure présente en page 17, sous la forme d'une représentation graphique référencée par Uusitalo et al., les concentrations plasmatiques de la forme standard à 0, 5 % et de la forme gel à 0, 1 % du Timolol et met en exergue une courbe des concentrations plasmatiques de la forme gel située systématiquement en dessous d'un seuil systémique de 200 pg / ml. Que ce seuil est présenté préalablement en page 15 du document, référencé par Korte et al., en précisant « La plupart des événements indésirables sont proportionnels à la dose, la concentration plasmatique déterminant alors la toxicité systémique potentielle : on considère que l'intensité du blocage bêta-adrénergique croît rapidement à partir d'un seuil de 200 pg / ml » ;
Considérant que, de la même façon, l'aide de visite utilise l'étude Uusitalo et al. pour référencer l'allégation « 90 % de passage systémique en moins » et la représentation graphique précitée ;
Considérant que cet axe de communication suggère une meilleure tolérance locale et systémique de la forme LP (gel) par rapport à la forme standard de Timolol 0, 5 % pour une efficacité similaire. Que, d'une part, concernant l'étude de Rouland et al., il s'agit d'un propos d'auteur alors même que l'étude en question ne montre pas de différence significative en termes de tolérance locale et systémique entre la forme gel à 0, 1 % et la forme standard à 0, 5 % du Timolol. Qu'en effet, il a été observé 27 effets secondaires systémiques pour la forme gel versus 26 pour le Timolol sous sa forme standard et 37 effets oculaires pour la forme gel versus 41 pour la forme standard, ce qui n'est pas précisé ;
Considérant, d'autre part, que cette représentation graphique comparant des propriétés pharmacologiques sans conséquence clinique validée et colligeant les résultats de plusieurs publications, pour laquelle la concentration plasmatique de Geltim est systématiquement sous le seuil présenté comme « critique » de 200 pg / ml, tandis que celle de Timolol 0, 5 % est a contrario au-dessus de ce seuil, suggère une meilleure tolérance systémique de Geltim par rapport à la forme standard du Timolol à 0, 5 %. Or, les rubriques « effets secondaires », « contre-indications » et « précautions d'emploi » entre autres du RCP de la forme standard 0, 5 % du Timolol et celles de Geltim validées par l'autorisation de mise sur le marché de ces deux spécialités sont similaires ;
Considérant enfin que l'étude de pharmacocinétique de Korte et al. a été réalisée pour étudier les effets cardio-pulmonaires de la forme standard du Timolol à 0, 5 % administrée soit par voie parentérale, soit par voie oculaire, et n'a donc pas été réalisée avec la spécialité promue Geltim. Qu'ainsi ce référencement ne permet pas d'extrapoler les résultats obtenus à Geltim ;
Qu'en conséquence, la revendication d'une meilleure tolérance locale et systémique pour la spécialité Geltim n'est pas objective ;
Considérant qu'en page 31 de la brochure, la « tolérance métabolique » du Timolol gel est présentée dans le chapitre consacré à la tolérance systémique de ce produit. Qu'il est ainsi mis en avant un effet du Timolol gel sur, entre autres, le cholestérol HDL, le cholestérol LDL et les triglycérides, avec de surcroît la mise en exergue d'un effet bénéfique du Timolol gel sur le cholestérol HDL (cardioprotecteur). Que ces propriétés ne sont pas validées par l'autorisation de mise sur le marché de Geltim ;
Considérant que, de la même façon, les pages 13 et 39 de la brochure revendiquent une action de Geltim en cas d'insuffisance lacrymale du fait de la présence de carbomères dans la composition du collyre alors que cette propriété pharmacologique n'est pas validée par l'autorisation de mise sur le marché de Geltim ;
Considérant que, par ailleurs, la page 13 de la brochure présente les résultats d'une étude de pharmacocinétique réalisée avec de la pilocarpine pour revendiquer une potentialisation d'action du fait de la présence des carbomères par relarguage du principe actif et que ce référencement ne permet pas d'extrapoler ces résultats au Timolol. Que cette propriété pharmacocinétique n'est pas validée par l'autorisation de mise sur le marché de Geltim ;
Considérant qu'en page 20 de la brochure, l'étude Mayer et al., sur la base de laquelle est revendiquée une efficacité de Geltim similaire au Timolol 0, 5 % (forme standard) sur 24 heures, est une étude chez 20 volontaires sains. Qu'en conséquence, la revendication d'une efficacité comparative de Geltim sur la base de ce type d'étude de pharmacologie n'est pas objective ;
Considérant que l'aide de visite présentant les résultats de cette étude en page 3 appelle la même remarque ;
Considérant qu'ainsi ces documents sont contraires aux dispositions susmentionnées de l'article L. 5122-2 du code de la santé publique,
les publicités susvisées pour la spécialité pharmaceutique Geltim sont interdites.