JORF n°0192 du 19 août 2012

Décision du 25 mai 2012

La directrice générale de l'Agence de la biomédecine,

Vu le code de la santé publique, notamment les articles L. 2151-5, R. 2141-17 à R. 2141-23, R. 2151-1 et R. 2151-2 à R. 2151-12 ;

Vu la décision du 10 février 2006 fixant le modèle de dossier de demande des autorisations mentionnées à l'article R. 2151-6 du code de la santé publique ;

Vu la demande présentée le 31 janvier 2012 par le Centre national de la recherche scientifique (UPR 1142, Institut de génétique humaine) aux fins d'obtenir une autorisation de protocole de recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines ;

Vu le rapport de la mission d'inspection en date du 2 avril 2012 ;

Vu les rapports d'expertise en date des 8 et 23 mars 2012 ;

Vu l'avis émis par le conseil d'orientation le 4 mai 2012 ;

Considérant que la recherche vise à comprendre l'équilibre entre prolifération et différenciation, et notamment comment les cellules souches embryonnaires humaines transmettent, au cours du cycle cellulaire, l'information génétique contenue dans l'ADN tout en reproduisant l'organisation du génome (structure épigénétique) adaptée à leur différenciation en cours et leurs programmes de transcription spécifique ; que l'analyse des mécanismes de réplication de ces cellules et de leur contrôle est une condition essentielle pour envisager leur utilisation en médecine régénérative ; que le protocole doit permettre d'identifier les mécanismes de stabilisation de la différenciation in vivo afin d'éviter notamment le risque de développement de cancer après greffe de cellules souches embryonnaires humaines ;

Qu'il s'agit en conséquence d'une recherche susceptible de permettre des progrès médicaux majeurs ;

Considérant que le résultat escompté ne peut être obtenu par d'autres moyens, notamment par le recours exclusif à d'autres cellules souches ; que la méthodologie d'analyse des origines de réplication de l'ADN a dans un premier temps été testée sur des cellules souches embryonnaires murines ; que ces origines varient selon l'état de la cellule, pluripotente ou différenciée, et sont également probablement corrélées à l'état d'activation des gènes présents à proximité ; qu'une particularité des cellules souches embryonnaires humaines est que leur cycle cellulaire est très différent de celui des cellules différenciées ou adultes et que la phase G1 de leur cycle (avant la phase S de réplication proprement dite) est très réduite ; que, compte tenu des objectifs de la recherche, le recours à de telles cellules est indispensable ;

Considérant qu'une première autorisation a été accordée en 2007 pour une durée de cinq ans ; que l'équipe a dans un premier temps travaillé sur les cellules souches embryonnaires murines afin d'établir des conditions de culture optimales avant d'appliquer le protocole aux cellules souches embryonnaires humaines ; que l'équipe a également déployé des méthodes d'analyse bio-informatique adaptées afin de mettre en œuvre l'analyse des résultats obtenus par séquençage à haut débit ; que la présente demande s'inscrit dans la continuité du protocole précédent ;

Considérant en conséquence que le demandeur apporte les éléments suffisants concernant la pertinence scientifique du projet de recherche d'une part, et ses conditions de mise en œuvre au regard des principes éthiques et de son intérêt pour la santé publique, d'autre part ; qu'il justifie de la nécessité de recourir à des recherches sur les embryons ou les cellules souches embryonnaires humaines ; que les titres, diplômes, expérience et travaux scientifiques fournis permettent de s'assurer des compétences du responsable de la recherche et des membres de l'équipe ; qu'en particulier les travaux de l'équipe de Marcel Méchali, directeur de recherche et membre de l'Académie des sciences, sont mondialement reconnus et les nombreuses et prestigieuses publications démontrent la qualité de cette équipe dans le domaine des origines de réplication de l'ADN,

Décide :

Article 1

Le Centre national de la recherche scientifique (UPR 1142, Institut de génétique humaine) est autorisé à mettre en œuvre, dans les conditions décrites dans le dossier de demande d'autorisation, le protocole de recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines ayant pour finalité l'étude des signatures des origines de réplication et de la compétence à la réplication des cellules souches embryonnaires humaines en autorenouvellement ou induites en différenciation. Ces recherches sont placées sous la responsabilité de M. Marcel Méchali.

Article 2

La présente autorisation est accordée pour une durée de cinq ans. Elle peut être suspendue à tout moment, pour une durée maximale de trois mois, en cas de violation des dispositions législatives ou réglementaires, par le directeur général de l'Agence de la biomédecine. L'autorisation peut également être retirée, selon les modalités prévues par les dispositions des articles du code de la santé publique susvisés.

Article 3

Toute modification des éléments figurant dans le dossier de demande d'autorisation doit être portée à la connaissance du directeur général de l'Agence de la biomédecine.

Article 4

Le directeur général adjoint chargé des ressources de l'Agence de la biomédecine est chargé de l'exécution de la présente décision, qui sera publiée au Journal officiel de la République française.

Fait le 25 mai 2012.

E. Prada-Bordenave