JORF n°0034 du 10 février 2009

Décision du 19 décembre 2008

Par décision du directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produis de santé en date du 19 décembre 2008 :
Considérant qu'il ressort notamment des dispositions de l'article L. 5122-2 du code de la santé publique que la publicité doit respecter les dispositions de l'autorisation de mise sur le marché et présenter le médicament de façon objective ;
Considérant que le laboratoire PROSTRAKAN a diffusé des publicités relatives à la spécialité DROLEPTAN 2,5 mg/l ml : diaporamas, remis, éléments légers d'information médicale et tiré à part ;
Considérant que le diaporama « NVPO : la prévention avant tout » présente l'étude de Fortney J. et al. (1998) qui regroupe les résultats de deux études comparant l'efficacité du dropéridol 0,625 mg et 1,25 mg, de l'ondansetron 4 mg et d'un placebo dans le cadre de la prévention des nausées et vomissements postopératoires (NVPO) chez l'adulte ;
Il est présenté les résultats du critère principal et des critères secondaires étude par étude et après combinaison de ces deux études a posteriori. Des résultats sont ensuite illustrés, sous forme d'histogrammes, avec certains résultats de significativité correspondant aux comparaisons interbras des deux études. Une différence significative entre DROLEPTAN 1,25 mg et ondansetron 4 mg pour le critère principal à 2 heures est notamment mentionnée (réponse complète égale à 69 % vs 62 %) ainsi que celle sur le critère secondaire correspondant à l'absence de nausée (43 % vs 29 %).
Or les critères principaux, correspondant à une réponse complète définie comme étant l'absence de vomissement et l'absence de recours à un traitement de secours à 2 heures puis à 24 heures (et non à l'absence de nausées et vomissements), ne sont ni correctement définis, ni présentés prioritairement. Ainsi, une différence significative entre droperidol 1,25 mg et ondansetron 4 mg sur le critère secondaire précité est mise en évidence au même niveau que les résultats portant sur les critères principaux. De plus, la différence non significative sur le critère principal à 24 heures (56 % vs 53 %) n'est pas clairement mentionnée. De plus, les intervalles de confiance de la différence observée entre dropéridol 1,25 mg et ondansetron 4 mg n'étant pas indiqués dans la publication, la pertinence clinique de la taille de l'effet ne peut être appréciée et les résultats interprétés.
En conséquence, cette présentation, qui suggère une supériorité de dropéridol 1,25 mg versus ondansetron 4 mg, n'est pas objective.
Le deuxième diaporama « NVPO : la prévention avant tout » présentant les mêmes diapositives de l'étude Fortney appelle les mêmes remarques ;
Considérant que le diaporama « NVPO : la prévention avant tout » présente les résultats de l'étude de Lo Y. et al. (2005) qui évalue la consommation de morphine administrée en analgésie autocontrôlée selon qu'elle est associée ou non au dropéridol, dans le cadre de la prévention des nausées et vomissements induits par les morphiniques, en postopératoire.
Le critère principal de cette étude est l'épargne morphinique 24 heures après l'opération. Or la revendication d'une épargne morphinique liée à l'administration du DROLEPTAN 2,5 mg/1 ml afin de prévenir des nausées et vomissements induits par les morphiniques administrés en analgésie autocontrôlée, en postopératoire, suggère une efficacité analgésique propre au DROLEPTAN 2,5 mg/l ml qui n'est pas validée par son autorisation de mise sur le marché.
Le deuxième diaporama, l'élément léger d'information médicale « Comment allier antalgie et prévention efficace des NVPO dans la PCA chez l'adulte » et le remis revendiquant de même « l'épargne morphinique liée à l'administration du DROLEPTAN 2,5 mg/1 ml » ainsi que le tiré à part de l'étude Lo Y. appellent les mêmes remarques ;
Considérant que l'élément léger d'information médicale « Prévention et traitement des nausées et vomissements postopératoire chez l'adulte » indique dans un chapitre consacré à la tolérance : « Pas de différence significative de prolongation de l'intervalle QTc entre de faibles doses de dropéridol (0,625 mg ― 1,25 mg) et du placebo » référencée par l'étude de White et al. (2005) évaluant l'effet du DROLEPTAN 2,5 mg/l ml versus placebo sur la prolongation de l'intervalle QT.
Or cette présentation de résultats non significatifs versus placebo, qui tend ainsi à minimiser la tolérance cardiaque, n'est pas un reflet objectif de la tolérance cardiaque telle que validée par l'autorisation de mise sur le marché qui précise notamment dans la rubrique Mises en garde : « Troubles du rythme cardiaque : Le dropéridol prolonge de façon dose-dépendante l'intervalle QT » et dans la rubrique Effets indésirables : « Des cas d'allongement de l'intervalle QT, de troubles du rythme ventriculaire, notamment à type de torsades de pointes, et des cas de mort subite ont été rarement rapportés lors de l'administration parentérale de dropéridol. Ces effets indésirables surviennent essentiellement chez les patients traités par des doses importantes de dropéridol ou chez des patients présentant des facteurs prédisposants de troubles du rythme ventriculaire. »
Aussi, l'utilisation promotionnelle des résultats de l'étude de White P. et al. n'est-elle pas objective.
Considérant que l'élément léger d'information médicale « Prévention et traitement des nausées et vomissements postopératoire » présente l'étude de Munoz H. et al. (2006). Cette étude vise à évaluer l'efficacité de la dexaméthasone dans le traitement des NVPO et à comparer son efficacité à celle du dropéridol et à celle de l'ondansetron. Les résultats obtenus avec le bras dexaméthasone ne sont pas illustrés. Seuls les résultats des deux autres bras évalués en termes d'efficacité à quinze minutes et durant le séjour en SSPI sont détaillés.
Or, d'une part, cette étude a été construite pour comparer la dexaméthasone au dropéridol et la dexaméthasone à l'ondansetron et non le dropéridol à l'ondansetron. D'autre part, en raison d'autres biais méthodologiques tels que l'absence de calcul du nombre de sujets nécessaire, la réalisation d'analyses multiples sans ajustement, l'utilisation d'une posologie de l'ondansetron inférieure à celle validée par son autorisation de mise sur le marché, la mise en exergue de résultats de significativité en faveur du DROLEPTAN 2,5 mg/1 ml par rapport à l'ondansetron n'est pas objective.
De surcroît, la Commission de la transparence, dans son avis en date du 5 mai 1999, précise que « Droleptan à la dose de 1,25 ou 2,5 mg présente une efficacité similaire à l'ondansetron » et a attribué le même ASMR que les antiémétiques antagonistes des récepteurs 5HT3.
En conséquence, l'utilisation promotionnelle des résultats de l'étude de Munoz H. et al. n'est pas objective ;
Considérant que le remis, consacré à l'indication du DROLEPTAN 2,5 mg/l ml dans la prévention des nausées et vomissements induits par les morphiniques administrés en analgésie autocontrôlée, en postopératoire, présente en page 4 des résultats d'efficacité du DROLEPTAN référencés par la méta-analyse de Tramer MR et al. (1999). Sont présentés, d'une part, les pourcentages de patients ayant présenté un épisode de nausée dans le groupe contrôle (58 %, n = 23/40) versus DROLEPTAN (21 %, n = 16/78) et, d'autre part, les pourcentages de patients ayant présenté des vomissements dans le groupe contrôle (56 %, n = 66/118) versus DROLEPTAN (24 %, n = 47/195).
Cette méta-analyse, qui vise à évaluer la prévention des nausées et vomissements dans le cadre de l'analgésie autocontrôlée, porte sur quatorze études et concerne huit spécialités.
Or, parmi les huit spécialités étudiées, certaines n'ont pas d'indication validée dans la prévention des nausées et vomissements (notamment hyoscine, propofol, métoclopramide, clonidine, prométhazine). Certaines posologies évaluées ne correspondent pas à celle validée par l'autorisation de mise sur le marché de DROLEPTAN 2,5 mg/1 ml. De plus, les résultats présentés pour le critère d'évaluation concernant la prévention des nausées par DROLEPTAN sont issus de deux des quatorze études de la méta-analyse et, pour le critère concernant la prévention des vomissements, les résultats portent uniquement sur cinq des quatorze études. Les effectifs des 2 bras, contrôle et DROLEPTAN, ne sont pas similaires, de même que la durée des études.
Aussi, compte tenu des biais précités, l'utilisation promotionnelle des résultats de l'étude de Tramer MR et al. n'est pas objective.
L'élément léger d'information médicale « Prévention et traitement des nausées et vomissements postopératoire chez l'adulte » appelle la même remarque ;
Considérant qu'ainsi ces documents sont contraires aux dispositions de l'article L. 5122-2 susmentionnées du code de la santé publique,
les publicités, sous quelque forme que ce soit, pour les spécialités pharmaceutiques DROLEPTAN 2,5 mg/1 ml, reprenant les allégations mentionnées ci-dessus, sont interdites.